Il est difficile d’être subjectif, d’analyser correctement, de réagir tout simplement au massacre des journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo. En cela, le « Je suis Charlie » évoque notre émotion, notre indignation et notre incompréhension.
Mais on peut se dire qu’une partie du monde n’en est qu’à l’équivalence de notre Moyen Âge et qu’il y a eu une incroyable rencontre entre hier et aujourd’hui. Sans doute à cause de la mondialisation, qui a donné à voir une partie de ce qu’était notre monde occidental, sans décodage, sans explication.
Ainsi, je me souviens qu’aux premières diffusions, et cela remonte loin, sur la télé des épisodes de « Dallas », je me suis toujours posé la question de ce que devaient en penser les peuples en voie de développement qui découvraient cet univers ! De là, naît une frustration qui peut devenir très vite de la haine.
Et les images véhiculées depuis lors n’ont pu qu’aggraver les ressentiments. C’est surtout vrai pour les hommes dans la misère.
Alors oui, la religion poussée à l’extrême et l’aveuglement d’une foi peuvent embrigader des hommes dans cet état !
Finalement, il n’y a pas si longtemps non plus, lorsque j’étais dans un collège catholique à l’école primaire, les professeurs de religion nous parlaient avec « circonspection » d’un peuple déicide. On sortait pourtant de la terrifiante et impensable « Shoah » !
Au-delà de cela, qu’avons-nous fait pour les autres ? Nous avons colonisé, mais surtout pour s’emparer des richesses et profiter du prétendu primitivisme ? Le pouvoir politique et économique nous ont fait croire à cette ignorance des peuples, alors que nous découvrons non seulement leur intérêt aujourd’hui, mais de plus, qu’ils étaient souvent en avance sur nous ! La culture et l’art des autres civilisations fleurissaient alors que de notre côté nous organisions des « croisades », ivres de sang, de cupidité, de pouvoir et de vengeance !
Nous aurions dû évidemment échanger, écouter et partager pour une plus grande compréhension.
Mais… rien ne justifie le meurtre, l’assassinat, le retrait de la vie d’un autre humain. Rien !
Inutile de dire que moi qui sauve une araignée égarée dans un coin de la maison, qui fais sortir les moustiques et les abeilles plutôt que de les écraser, qui ai donc un respect infini de la vie, je reste pétrifié par un tel geste.
Je ne suis pas le seul.
Mais il faut encore remarquer que ceux qui nous observent sans pitié, avec envie ou haine, doivent tout de même se demander pourquoi cette injustice de traitement entre les milliers de morts (en Syrie, en Irak) et l’indignation planétaire pour cette dizaine de morts à Paris ! Je pose la question, tout en pleurant cette dizaine de morts, proches, connus, admirés.
Je crois donc que nous avons une collision incroyable entre des époques, des ères de développements.
Ajoutons encore qu’en effet ce sont des Français endoctrinés qui ont agi ; mais qui le sont par désespoir. On se réfugiait dans la foi, dans une religion, pour être rassurés sur la vie, la mort, la manière d’être. Aujourd’hui, j’ose espérer que ceux qui vivent une religion le font surtout pour « s’aimer les uns les autres » ! Un message qui ne demande qu’à être appliqué. Le pape François semble l’avoir compris ! Un homme (il y eut Gandhi, Martin Luther King, etc.) peut changer le monde des humains ! Ce sera ma note d’optimisme pour terminer…
Jonathan Swift écrivait déjà : « Craignons un monde où les hommes ont juste assez de religion pour se haïr et pas assez pour s’aimer »
(Ces mots ont été écrits avant l’aggravation des événements et la suite encore plus terrible du massacre)