SAGA est devenue la nouvelle référence comics de Space Fantasy. Prince robots et trains dragons, mercenaires arachnides et chats détecteurs de mensonges, fantômes enfantins et vaisseaux végétaux. La faune, la flore et la portée de cette série ne connaissent aucune limite. Véritable phénomène éditorial dès sa publication, SAGA signe également le retour de Brian K. Vaughan (Y le dernier homme, Les Maîtres de l’évasion, ou encore la série TV Lost), accompagné de Fiona Staples (North 40).
Le pitch : Depuis la mort de son père, Marko peine à recouvrer l’ardeur qui l’animait jusqu’alors. Klara, inquiète pour l’avenir de son fils et de sa nouvelle petite famille, prend donc les rênes de la situation. Une bravoure dont ils auront tous besoin sur Quietus, la planète où vit reclus le romancier D. Oswald Heist. De leur côté, le Testament et Gwendolyne, stimulés par leur désir de vengeance, poursuivent leur traque assidue du couple.
Parlons d’abord du scénario, dans ce troisième volume qui regroupe les épisodes 13 à 18, Brian K. Vaughan fait progresser ses personnages surtout sentimentalement, puisque l’intrigue se pose sur la planète Quietus, fin de la fuite pour notre couple, enfin pour le moment. Et c’est principalement l’amour qui est au cœur de ce volume, sous différentes facettes. On en apprend également davantage sur le passé d’Alana, et la construction de relation actuelle avec sa belle-mère. Le fait principal est sans nul doute la rencontre avec le romancier D. Oswald Heist, personnage charismatique et pacifiste. C’est grâce à son roman antimilitariste déguisé, "une cigarette dans la nuit", que ce sont rapprochés Marko et Alana. Un des moments qui aura marqué ma lecture, c’est lorsque le romancier fait la lecture à Hazel, la fille de Marko et Alana, celui-ci lui explique : "Tous les contes pour enfants se ressemblent : une jeune créature enfreint les règles, vit une incroyable aventure, puis rentre chez elle en ayant appris que les susdites règles ne sont pas là pour rien. Bien sûr, le vrai message pour le lecteur attentif est qu’il faut enfreindre les règles aussi souvent que possible, car qui diable ne voudrait jamais vivre d’aventures ?". Je trouve que cette citation résume bien la pensée du romancier et surtout la raison d’être du couple Marko-Alana.
Le travail graphique n’est pas en reste, Fiona Staples a réussi à créer un véritable monde fantastique vraiment dense et très diversifié. Je trouve que le trait s’est adouci depuis quelques épisodes, en tout cas, c’est graphiquement atypique et en fait la marque de la série. Les recueils d’Urban Comics renferment à chaque épisode les couvertures américaines, c’est une aubaine puisque celles-ci sont particulièrement travaillées.
N’étant pas trop inconditionnel de science-fiction, c’est sa nomination pour Angoulême qui m’a permis de découvrir cette série pourtant récompensée plusieurs fois aux Eisner Awards. J’avoue avoir connu quelques difficultés pour entrer dans l’univers, parce qu’il s’agit réellement d’un univers, mais je comprends maintenant tout le plébiscite populaire pour cette série, et je suivrais avec plaisir les prochains épisodes. Du vertige de l’espace infini à l’intimité des querelles d’un jeune couple de parents, les auteurs nous invitent à découvrir un Space Opera épique, ambitieux et touchant.