Unité nationale ?

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit
Après les odieux et injustifiables assassinats d'avant-hier, notamment à Charlie-Hebdo, et d'aujourd'hui, les autorités de l'Etat et d'autres institutions, notamment les partis parlementaires, nous pressent de se rallier à "l'unité nationale".

S'il s'agit de se rassembler dignement et en silence dans la défense de la vie et le recueillement en mémoire des victimes connues et inconnues, qui ne se soumettrait pas à cette demande - bien qu'elle soit trop souvent présentée comme une injonction ?

S'il s'agit de se rassembler pour défendre la liberté d'expression, la chose est déjà plus difficile car les avis divergent sur les limites ou l'absence de limites de la caricature et du rire et sur le respect des convictions profondes voire intimes des personnes.


S'il s'agit, par une opération de type "Carpentras", de rassembler le peuple sur un tsunami émotionnel autour d'un Président dévalué, la chose -  politicienne - est petite et sans avenir à terme plus long qu'électoral.

S'il s'agit de réaliser une unité "par la bande" mais en réalité autour du modèle social et de la politique étrangère hollando-sarkozyste - notamment en Afrique et en Orient -, alors elle est néfaste, car c'est de ce modèle - techniciste et libéral - et de cette politique - occidentaliste et impériale - que se nourrissent les violents et les faux prophètes.

Pourtant nous avons effectivement besoin d'unité, nationale et internationale, pour résoudre les problèmes de la faim et de la misère dans le monde, de l'immigration qui en découle, du chômage et du parasitisme, de la guerre et de la paix, de l'écologie, de l'étouffement des cultures, de l'individualisme exacerbé, bref du sens de la vie.


Toutes (je dis bien: toutes) les composantes politiques, religieuses, associatives, se mettant autour de la table pour élaborer un projet concret commun à réaliser en commun pour redonner un sens aux vies individuelles et à notre vie commune. De la "bonne" unité nationale !
Quelque chose de comparable (je ne dis pas : identique) fut à l'oeuvre à la Libération avec le gouvernement du général de Gaulle allant de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. Qui peut dire qu'il n'y a pas aujourd'hui aussi une urgence comparable (je ne dis pas: identique) ?

Utopie ? Sans doute. Mais la pire utopie est la poursuite des dérives actuelles qui, ne posant que la question des moyens économiques ou techniques et jamais celle des fins, mènent - comme on le voit - les communautés nationales et la communauté mondiale à l'asphyxie et à l'inhumanité.


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