Ce nouvel antibiotique, découvert par une équipe de la Northeastern University, semble selon ces premières données présentées dans la revue Nature, venir à bout des agents pathogènes, dont le Staphylococcus Aureus Résistant à la Méthicilline (SARM) sans qu’ils puissent développer une résistance. Cette découverte ouvre l’espoir de reprendre une longueur d’avance sur l’émergence des antibiorésistances.
Venir à bout des résistances bactériennes aux antimicrobiens est le défi de nombreuses équipes de recherche, mais, en pratique, peu d’antibiotiques sont en préparation dans les pipelines. Une étude récente publiée dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) faisait ainsi état du développement d’un logiciel open-source capable de prédire la réponse du Staphylococcus Aureus Résistant à la Méthicilline (SARM) à un nouvel antibiotique, avant même que le médicament soit testé sur des patients…
Aujourd’hui, Kim Lewis, Professeur émérite de biologie à la Northeastern University et son équipe annoncent l’espoir d’un nouvel antibiotique efficace au point de ne pas rencontrer de résistance détectable. Les premières données de recherche le confirment comme très prometteur pour le traitement des infections chroniques comme la tuberculose ou causées par le SARM. Leur découverte, issue d’une nouvelle méthode pour la culture des bactéries, s’appelle teixobactine. Le composé inhibe la synthèse de la paroi cellulaire en se liant à des molécules lipidiques de la paroi cellulaire. En présence de teixobactine, les bactéries Staphylococcus aureus ou Mycobacterium tuberculosis ne semblent pas développer de mutations de résistance.
En bref, le composé ouvre, a minima, une voie vers le développement d’antibiotiques permettant d’éviter le développement de résistances bactériennes. Une voie poursuivie depuis des années par l’équipe du Pr Lewis, celle des bactéries non cultivées, qui représentent 99% de toutes les espèces dans des environnements externes. L’équipe aujourd’hui capable de cultiver une partie de ces bactéries dans leur environnement naturel a déjà rassemblé environ 50.000 souches de bactéries et découvert 25 nouveaux candidats antibiotiques, dont teixobactine semble le plus prometteur. En particulier, pour traiter les infections chroniques causées par Staphylococcus aureus ou SARM ainsi que la tuberculose.
N.B. Ces travaux ont également été soutenus par NovoBiotic Pharmaceuticals (Cambridge, Massachusetts) et Selcia Limited (UK).
Rappelons enfin qu’aux États- Unis, près de 300.000 personnes sont hospitalisées et 19.000 décèdent chaque année d’infections au SARM. En France, 15.180 patients présentent une ou plusieurs infections nosocomiales et parmi les 3 bactéries les plus fréquemment responsables, Staphylococcus aureus figure en bonne place, entraînant 38,1% des cas de résistance à la méticilline.
Source: Nature 7 January 2015 doi:10.1038/nature14098 A new antibiotic kills pathogens without detectable resistance
(Visuel@
tuberculosis) @NIAIDScanning electron micrograph of MycobacteriumPlus d’études sur l’Antibiorésistance
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