Ces scientifiques de l’EPFL ont déjà, en 2012, redonné à des rats souffrant de lésions médullaires et de paralysie, le contrôle du mouvement, leur permettant, après une période de réadaptation, de marcher à nouveau puis courir. Leur » secret « , un cocktail médicamenteux, une stimulation électrique et un robot. Mais pour adapter cette méthode à l’homme, les implants doivent pouvoir être installés à long terme sur la moelle épinière, sans l’endommager. C’est la nouvelle prouesse des équipes de Stéphanie Lacour et Grégoire Courtine, avec le développement de l’implant e-Dura capable de délivrer à la fois des impulsions électriques et des substances pharmacologiques et qui imite presque à l’identique les propriétés mécaniques des tissus vivants. Les risques secondaires de rejet ou de lésion sont drastiquement réduits.
Souple, étirable, un implant » tout en douceur » : Si les implants disponibles, dits « de surface » ne peuvent pas être appliqués à long terme directement sur le cerveau ou la moelle, sous l’enveloppe protectrice du système nerveux central, le nouvel implant s’intègre » en douceur « , selon les auteurs. Décrit comme souple et étirable, e-Dura est placé sous la dure-mère, directement sur la moelle épinière. Son élasticité est pratiquement identique au tissu vivant sous lequel il est logé. L’implant peut donc résider à long terme sur la moelle épinière ou sur le cortex, parce qu’il a les mêmes propriétés mécaniques que la dure-mère naturelle.
Impulsions et médicaments : L’implant comporte des éléments électroniques permettant de stimuler la moelle, sous la lésion médullaire, ainsi qu’un canal microfluidique permettant d’administrer des substances pharmacologiques – des neurotransmetteurs –pour but de réveiller les cellules nerveuses sous la lésion. Il est aussi l’exemple d’une collaboration interdisciplinaire, allant de l’ingénierie des matériaux, à l’électronique, en passant par les neurosciences, la médecine, la programmation d’algorithmes…
Un test prometteur sur l’animal : Implanté chez des rats paralysés, le prototype e-Dura n’a entraîné aucune lésion ni rejet, a fait preuve de sa biocompatibilité, mais aussi de son efficacité. Les rongeurs ont pu remarcher après quelques semaines d’entraînement.
e-Dura ouvre nouvelle option thérapeutique prometteuse pour des patients souffrant de troubles ou traumatismes neurologiques, notamment les personnes paralysées suite à une lésion médullaire, explique Stéphanie Lacour, co-auteur de l’étude. Au-delà, ce type d’implants de surface pourrait améliorer la prise en charge de nombreuses maladies neurologiques comme l’épilepsie, la maladie de Parkinson ou le traitement de la douleur.
Source: Science 9 January 2015 DOI: 10.1126/science.1260318 Electronic dura mater for long-term multimodal neural interfaces et EPFL Paralysie: l’implant qui se greffe sur la moelle épinière
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