Hier soir j'ai été bouleversé par le témoignage de Jeannette Bougrab après la disparition, l'assassinat de Charb son compagnon, son amour. Combattive malgré l'adversité et toujours digne elle a dressé un constat terrible sur la réalité du combat laïc de l'équipe de Charlie, de ce combat généreux contre les intolérances qui n'a pas toujours eu le soutien républicain qu'il méritait. Effectivement si les balles ont tué il y a aussi dans cet assassinat la complaisance, l'abandon de certains principes par une gauche intellectuellement dévoyée et coupable qui porte en elle une immense responsabilité. C'est moi qui le dit mais c'est également la compagne de Charb qui clairement l'a signifié hier.
Oui elle raison d'affirmer que ce sont des héros qui sont tombés hier au champ d'honneur de la République tout comme un Jean Moulin face au nazisme. Car c'est une guerre dont il s'agit. " J'ai le sentiment d'un immense gâchis. C'étaient des gens exceptionnels, de vrais héros", "J'étais avec un héros que j'admirais. C'était quelqu'un de très gai, qui s'était fait lui-même. Il se sentait menacé. On essayait de vivre normalement, mais c'était compliqué", "On l'a exécuté parce qu'il défendait la laïcité, l'esprit voltairien, le fruit de cet idéal de République. Il est mort debout, il a été exécuté, avec ses camarades, comme il me dirait. On peut être très fiers de lui. Tous ces dessinateurs méritent le Panthéon. Ils se sont battus pour des principes et des libertés que l'on a oublié de défendre. Ils sont morts pour que l'on puisse rester libre dans ce pays, en France", à t-elle déclaré au bord des larmes. Si Jeannette Bougrab évoque "des moments de joie et de liberté" avec son compagnon Charb, elle assure que le dessinateur "vivait dans la peur", qu'"il savait qu'il allait mourir". "Il était prêt à mourir pour ses idées."
Poursuivant elle affirme avec assurance qu'elle " ne veux pas d'explication sur le parcours de ces individus", "Je veux que la République soit capable, quand il y a des individus comme ça, dans une sorte de spirale, qu'on les mette en détention." La compagne du dessinateur espère que la tragédie permettra à la France de prendre conscience des problèmes qui touchent le pays. "On a oublié Merah, ces enfants qui ont été tués devant une école juive, et je me dis : Est-ce que, cette fois, on prendra la mesure de ce qui s'est passé en France, c'est-à-dire qu'une guerre est déclarée ?"
Jeannette Bougrab pointe par ailleurs du doigt ceux qui ont accusé plusieurs fois Charlie Hebdo d'islamophobie. "Je pense qu'il y a une responsabilité." Elle évoque notamment "certains mouvements de gauche", "les indigènes de la République sont coupables". "Quand, sans arrêt, on vous dit : Vous stigmatisez l'islam... Mais, aujourd'hui, qui est mort ? Il n'y a pas d'imam qui est mort. Ce sont eux, des combattants pour la liberté." Pour la femme politique et la compagne de Charb, "les mesures législatives ne sont pas suffisantes" contre "la guerre déclarée".