Place de la République, aux alentours de 18h30, mercredi 7 janvier 2015.
La foule est massée, silencieuse. Dense. Compacte. N O T A F R A I D. Chaque lettre lumineuse est portée par un homme. Ou une femme. Moi je suis là face à eux sans savoir quoi dire ni crier. Là, simplement. Avec Malick. Cette évidence. Des applaudissements. Des bougies. Parfois des CHAR-LIE, CHAR-LIE résonnent contre la statue de la République, tout contre. LI-BER-TE D’EX-PRESS-ION aussi.
Des fous ont massacré des hommes, la haine collective contre eux ne sert à rien, ils ne sont pas de notre monde.
Ce n’est pas une guerre qu’il faut déclarer, nous les anonymes de la paix. La paix avec les milliards d’humains que rien ne pourra jamais protéger de leurs folies si ordinaires, qu’ils l’appellent Allah, Gladio (clic) ou OAS (clic). C’est notre devoir. La force du châtiment qui ne leur servira jamais d’exemple doit être mesurée à l’aune des belles vies qu’ils ont détruites et de l’Himalaya planétaire de solidarité qu’ils ont su soulever sans le vouloir, plus haut que leurs kalashnikoff ne les porteront jamais.
Rester civilisés. Résister aux pulsions. Malgré tout.
Se recueillir. Se pacifier. S’apaiser l’esprit d’un peu de chaleur humaine. Primaire. Physique. Etre entouré de semblables. Des corps, des têtes. Etre tous CHARLIE même si au fond personne ne le sera jamais sauf eux (clic), ces morts pour une liberté d’expression et un journal que je n’ai jamais acheté. Je me marrais de leur provoc’, je trouvais parfois leur humour osé sans savoir jusqu’où il l’était, finalement.
Maintenant, je sais. Je sais qu’on ne sait jamais que bien trop tard que, dans tous les pays, même les plus libéraux quand il s’agit de faire du fric, on peut censurer les caricatures de Charlie (clic) juste par peur. Alors que chez moi, chez nous, on peut encore ouvertement se foutre de la gueule des fanatiques comme leurs prêches pseudo-religieux se foutent ouvertement de la gueule de tous les paumés et exclus de la galaxie.
La peur ne change rien. Toutes les lois du monde non plus. J’entends déjà les politiques parler de « guerre » ou de peine de mort comme si la folie pouvait se vaincre à coup de char d’assaut, de Loi et de guillotine. La loi du talion est la leur, pas la nôtre, elle est surtout contreproductive, liberticide. Ne pas faire de CHARLIE notre 11 septembre, que les jours et les années qui viennent ne soient pas celles du déchainement de violence, de la restriction des libertés, de la torture, ou bien encore du repli sur soi. Réenchanter notre monde comme d’autres rêvent de l’au-delà. Surfer sur la vague des rassemblements spontanés. Retrouver la voie de la communication, celle où nous égare les professionnels politiciens et autres tarés qui crachent leur haine sur les réseaux sociaux.
Croire dans la force des dessins, dans celle des mots, plus qu’en celle de la vengeance.
Mais aussi, laisser à ceux dont c’est le métier le soin de mettre en prison ou d’éliminer, si leur vie ou celles des autres est en danger, les monstres qui ont commis ces assassinats.
La meilleure défense, c’est l’attaque ! http://t.co/h2JkMfYFFV pic.twitter.com/SJHRG4K5RZ
— Martin Vidberg (@Vidberg) January 8, 2015
Ils ne tuent pas la liberté. Ils tuent des gens. Ensuite, nous tuons la liberté… Et ils gagnent. — Vinnie.Rohan (@LehmannBro) January 7, 2015
Je viens de recevoir plein de dessinateurs géniaux au paradis. Ils me dessinent à poil et on se marre. Désolé qu’ils soient plus avec vous.
— Dieu Officiel (@DieuOfficiel) January 7, 2015
Islamophobie http://t.co/YqHvCI9q74 — Monde diplomatique (@mdiplo) January 7, 2015
Retrouver le sourire avec ce dessin tt à fait ds l’esprit de #CharlieHebdo pic.twitter.com/2GYofLAEow
— Stéphanie V (@SVovor) January 8, 2015
Les #JeSuisCharlie les plus saisissants >> http://t.co/xQmfWKbdaZ pic.twitter.com/E5g5NRyBSt
— Les Echos (@LesEchos) January 8, 2015