Cher Charlie
Vous étiez habitués aux menaces de mort. Vos locaux avaient été injustement plastiqués en 2011. Quoi qu’il advienne, vous étiez attaché aux principes de liberté que vous faisiez vivre dans vos dessins. Vous n’êtes plus parmi nous, mais vos dessins resteront éternels. Ils ont traversé les frontières. Aujourd’hui, des milliers d‘anonymes ont respecté une minute de silence en votre honneur en l’honneur de la liberté de la presse. A travers vous, c’est l’impertinence l’envie de parler de tout sans ambages. Vous ne preniez pas de pincettes. Vous avez caricaturé Mahomet, le Pape, nos politiques. Vous défendiez la tolérance et l’anticléricalisme. Vous n’aviez pas de limites, votre seule limite aujourd’hui c’est de n’être plus parmi nous. Vous avez gagné le paradis des dessinateurs, des caricaturistes et des journalistes. Les anges vous sourient et vous leur redonnez leur sourire. Personne ne vous oubliera. Vos esquisses, vos dessins, vos caricatures continueront de nous accompagner pendant encore longtemps. Vous dessiniez pour dénoncer les incohérences de notre monde. Il ne tournait pas toujours rond mais vous n’aviez pas arrêté de le croquer. Les crayons n’ont pourtant pas arrêter les balles. Les balles vous ont transpercé. Nos cœurs sont meurtris. Je suis Charlie, vous êtes Charlie, nous sommes Charlie. Votre esprit survivra à cet affront. Cet affront contre la liberté de la presse, d’expression a eu raison de vous. Les journalistes restent des cibles à abattre. Lutter contre l’extrémisme n’a pas de frontière, les médias doivent continuer à s’exprimer librement dans le respect des différences et des appartenances.
Charlie Hebdo représente l’humanisme. Dessinez c’est montrer l’incohérence, c’est démontrer que l’on peut résister contre la folie meurtrière, la barbarie. Oui il s’agit bien d’un acte barbare, il n’a rien à voir avec l’Islam et les musulmans n’y peuvent rien mais sont les premiers touchés. Eh oui à tort ils subissent déjà des amalgames. L’horreur ne doit pas nous faire oublier l’essentiel : la fraternité et l’unité. A travers Charlie Hebdo c’est le cœur de la nation française qui souffre. La solidarité nous permettra de dépasser les haines les plus destructrices. Oui il s’agit bien de haine. Ces criminels fustigent nos libertés et nos valeurs. Nous n’irons pas cracher sur leurs tombes. Cet événement prouve que l’on ne peut pas rire de tout avec n’importe qui. Le rire pourtant permet souvent de désamorcer les pires crises. Vos traits d’humour ne leur ont pas plus mais finalement les cons ont toujours tort. Ils ont eu tort de s’en prendre à vous. Car si vous avez donné votre vie pour votre média, ils n’ont pas tué Charlie Hebdo.
Charlie Hebdo est désormais au cœur de nos préoccupations. Il ne peut pas mourir pas comme ça pas pour ça. Eh puis la disparition définitive de Charlie Hebdo ferait trop plaisir à ces intégristes on ne peut pas et on ne doit pas leur faire cette joie. Votre anti conformisme et vos dessins ont été parfois vécus comme un coup de point dans la gueule. Vous avez juste cherché à donner un coup de pied dans la fourmilière des idées reçues, du prêt à penser et du prêt à mâcher. Vos dessins ont été vus comme des bombes, aujourd’hui vous êtes morts sous les balles de ceux que vous combattiez avec force et détermination. Le combat continuera pour vous et pour tous ceux qui ont perdu leur vie pour défendre de nobles idéaux. Comme le dit si bien Sophia Aram Dieu n’existe sûrement pas. Qu’il existe ou pas vous l’avez caricaturez avec justesse en frôlant parfois certaines limites. La satire et le second degré aura eu raison de vous et de votre humanisme.
Aujourd’hui plus que des journalistes, c’est votre idéologie, votre humanisme qui a volé en éclat. Nous pleurons ce coup de canif à la démocratie. Unissons- nous pour la République. Levons nos crayons, donnons de la la voix, écrivons pour que ce drame ne se reproduise pas et que vous ne soyez pas morts pour rien Dessinez c’est gagner de la liberté c’est garantir la démocratie…
Longue vie à Charlie Hebdo et que vos esprits ne cessent de nous souffler votre crédo libertaire.
Et non nous n’avons pas peur
Jessica Staffe