Je suis aussi Charlie

Publié le 08 janvier 2015 par Mamievlin

Hier, j'avais prévu de parler ici d'une idée de recette, d'un gâteau facile, d'une broutille quoi.

Puis, il y a eu un texto, l'annonce de l'attentat, nos doigts qui se sont précipités pour taper les mots clés et trouver les infos.

Puis il y a eu l'horreur, la violence des faits, des actes, des images, des vidéos, des cris.

Puis mon coeur s'est serré, comme des millions d'autres coeurs. Et je n'ai plus eu envie ni de travailler, ni de faire autre chose que de chercher à en savoir plus pour comprendre.

Plus je regardais, plus mon cerveau refusait d'enregistrer. Plus ma "collègue" comme j'aime l'appeler m'en parlait, plus je refusais de vouloir y croire.

Plus je tentais de garder une distance avec cette horreur et plus j'étais happée par la blessure qu'elle avait causée.

Puis j'ai compris que je ne comprendrais pas, que je ne saurais même pas l'expliquer.

Puis il a fallu rentrer, passer sous la place de la République en ayant une pensée pour tous ceux qui s'y était rendu et en pensant encore aux familles touchées par ce drame, serrer mes enfants en les récupérant, me dire que j'avais de la chance ce soir de rentrer chez moi et de pouvoir les voir, avoir les larmes aux yeux.

Puis on en a encore beaucoup parlé, on a regardé des images, on a prié pour que l'enquête avance vite et qu'on retrouve ces fous, ces salopards, tous les mots sont trop faibles pour les décrire...

Puis il a fallu trouver le sommeil, se rassurer en se disant que les deux petits qui dormaient à côté étaient trop petits pour comprendre et qu'on allait tout faire pour leur offrir un monde meilleur.

Puis la nuit.

Puis un autre jour dans Paris.

Je crois n'avoir jamais lu Charlie Hebdo, même si je connaissais ce journal, de nom, de réputation. Tout comme je connaissais certaines des victimes de l'attentat par leur réputation, leur nom, pour avoir vu plusieurs de leurs dessins, depuis ma jeunesse mais aussi après, lu certaines de leur planches dans d'autres revues, pour avoir aussi écouté leurs mots, leurs discours lors d'émission à la télé ou à la radio.

Comme eux, je ne pensais pas qu'une telle horreur, qu'un tel carnage pouvait arriver. A deux pas de chez moi. Dans mon quartier. A deux pas de l'école de ma grande, de la crèche de mon petit.

J'écris tout cela car j'ai l'impression de ne rien pouvoir écrire d'autre ici cette semaine. J'ai juste besoin aussi de ne pas faire comme si de rien n'était. D'user de la liberté d'expression que j'ai ici pour dire que je suis dégoûtée, que c'est insoutenable...

Pour la liberté, pour eux, ce soir, à nos fenêtres, il y aura aussi des bougies.

Je suis aussi Charlie.

(PS : L'émoi autour de cet événement a suscité un grand nombre de réactions et parmi elles, vous verrez parfois des propos racistes, incitant à la violence ou à la haine. Vous pouvez les dénoncer via ce site : https://www.internet-signalement.gouv.fr)