Salut les « Charlie » – à très vite
Nous sommes tous des Charlie, et ils ont disparu.
Nous ne sommes pas tous des Charlie, car nous sommes encore vivants.
Nous ne sommes pas tous les Charlie, Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Marie et 7 autres et peut être plus
Mais nous sommes tous des Charlie Hebdo, car nous sommes assurés qu’ils reviendront, et nous nous devons d’assumer leurs mémoires et leurs résurrections
Car ils représentaient la liberté et l’intelligence de notre nation.
Mais nous nous devons de dépasser notre douleur et celle de leurs proches, afin de défendre notre intégrité, nos valeurs et la vie de nos concitoyens.
Nous devons de prendre conscience que nous sommes comptables de cette fragilité face à cette barbarie qui n’est pas éradiquée.
Il convient réexaminer l’état de notre JUSTICE, de notre POLICE, de nos FORCES de l’ORDRE, de nos prisons, MAIS PLUS généralement de notre politique de sécurité et défense.
La France est avec la Finlande l’un des pays qui consacre la plus faible part de son budget à la justice. La France est ainsi au 20ème rang pour le budget annuel par habitant) et au 35ème rang si l’on rapporte ce budget au PIB (0,19 % du PIB par habitant derrière l’Arménie, la Moldavie ou la Roumanie ainsi qu’au 35ème rang également pour le nombre de juges pour 100 000 habitants..
Pour quelles raisons : les Politiques sont les premiers coupables ; les Magistrats sont malheureux, mais inconséquents, les Justiciables, perdus et révoltés, les Prisonniers : dans l’indécence sauf les caïds ; les Prisons, une gangrène qui se développe et les Codes désuets bien qu’en réforme permanente. Quant aux solutions, elles sont financièrement simples, juridiquement délicates, politiquement presque impossibles par manque de courage en raison de l’intérêt limité que porte le public aux sorts de justiciables ; mais les media contribuent à faire prendre conscience de l’état de notre justice.
Et n’oublions pas la Police qui est en sinistrose permanente, car pas toujours suivie par la Justice.
Alors en raison des massacres de tant de nos icones de la liberté, il nous faut réagir.
La justice, cette mal aimée, se meurt d’un manque de considération, d’une défaillance des moyens et d’une abondance pléthorique de textes. Nous sommes une société de droit et fragile parce que de droit. Ces quelques lignes ne sont que la synthèse de ce qui a été dit depuis des dizaines d’années par d’éminents juristes et politiques qui pensent , qui écrivent et qui débattent .
Liberté, égalité, fraternité, devrait intégrer la solidarité.
Napoléon rédigeait et corrigeait les codes depuis les champs de bataille. Certes, la place Vendôme est proche de l’Élysée et souvent le Garde des Sceaux n’est pas loin de la Roche tarpéienne alors qu’il devrait être au Capitole. Si vous posez sur des étagères la collection des grands codes Dalloz, vous remplissez une salle.
Mais au delà des textes, pourquoi laisser notre justice manquer de moyens depuis des années et nous classer parmi les derniers des pays civilisés.
Il suffirait d’un accroissement de 40% de son budget qui est de 7,4 milliards d’euros, soit trois de plus chaque année pendant deux ans pour déjà transformer les conditions de vie de l’ensemble des corps de magistrats et auxiliaires de justice.
Nous avons besoin de retrouver la confiance de notre magistrature bien fatiguée. Alors même que nous voyons se développer des scandales aussi bien de justice que de conditions de vies de ceux qui ont été punis. Pourquoi ne pas prendre ces mesures, qui effectivement ne semblent pas toujours préoccuper l’ensemble de nos concitoyens. Mais notre société évolue, nous voyons de plus en plus les médias s’intéresser chaque jour aux histoires de justice ; mais n’est ce pas seulement pour faire de l’audience) nous nous apercevons que les dérives sociétales sont telles qu’elles conduisent à une pollution de nôtre système social, donc de notre démocratie.
Pourquoi laisser les magistrats ne pas disposer de moyens à l’échelle d’une France de l’excellence. Pourquoi les abandonner à la médiocrité de leurs instruments? Pourquoi ne pas moderniser leur statut et enfin donner plus d’indépendance vis-à-vis du Parquet afin d’éliminer la suspicion légitime des compromissions du Pouvoir ?
Le livre de Véronique Vasseur, médecin-chef à la prison de la Santé est consternant et nous devrions tous avoir honte d’un système carcérale du moyen âge et qui pollue toute notre société : extraits du livre : « Une odeur effroyable , une saleté épouvantable, des déchets de nourriture par terre . Du tuyau de la buanderie s’‘échappe une vapeur impressionnante . Les murs des cellules suintent, ruissellent d’eau; la plupart n’ont jamais vu un médecin de leur vie. Il s’agit d’une population marginalisée , sans accès aux soins à l’extérieur , qui arrive dans un état de santé pitoyable : 70% des détenus ont besoin de soins.
Maintenant que les psychotropes ne sont plus dilués dans les fioles et qu’ils sont sous forme de cachets, il y a des stockages . Les surveillants ont trouvé en faisant une fouille une quantité de tranquillisants capable de tuer un bloc entier).6 600 prisonniers ; face à cette augmentation et à la dégradation des conditions de détention », il faudrait plus d’alternatives à l’incarcération. La prison devrait être réservée aux cas des indispensables mises à l’écart de la société ; elle devrait comporter une véritable reprise en main des délinquants condamnés ; devenue une école du crime, elle constitue un élément de détérioration et de pollutions de notre tissu social et de notre jeunesse.
Madame Christiane Taubira aurait la capacité et le pouvoir de rénover notre justice tant en obtenant les moyens budgétaire (3 Mds d’euros de plus ) qu’en régénérant notre Système judiciaire et remettant en état l’utilité et l’efficacité nos prisons ; ce qui permettrait une plus grande efficacité à nos services d’ordre (police et gendarmerie) qui sont désemparés. Mais elle ne pourra rien faire avant son départ.
Le budget 2013 de la Justice en quelques chiffres :
- Réaffirmer la spécificité de la justice des mineurs, avec notamment la création de 205 emplois et l’augmentation de 2,4% des crédits alloués à la protection judiciaire de la jeunesse.
- Donner des moyens à la sécurité et à la réinsertion dans le cadre de la politique pénitentiaire en veillant à l’exécution des peines prononcées, en améliorant les conditions de vie en détention, et en passant par une politique immobilière efficace…
- Renforcer la réponse judiciaire au quotidien en créant 142 nouveaux emplois et en en redéployant 150 autres. L’effort sera aussi porté sur les frais de justice et sur l’immobilier judiciaire, ainsi que sur l’optimisation des moyens de fonctionnement.
- Développer l’aide aux victimes et l’accès au droit, grâce à une allocation de 340 M€ qui permettra de financer l’aide juridictionnelle et de généraliser à l’ensemble des TGI les bureaux d’aide aux victimes.
- Soutenir et accompagner les personnels en confortant l’action sociale ou en valorisant les métiers.
- Moderniser le ministère en doublant les investissements informatiques pour le déploiement d’applications.
Le pouvoir ne s’occupe pas de ses corps intermédiaires, probablement car ce ne sont pas des prescripteurs de votes. La police manque de moyens en hommes ; la Police judiciaire a besoin de 3000 policiers ; les récents exemples de Marseille en sont des exemples. Il manque là bas 300 personnes à la PJ. Les déplacements du Ministre ne suffisent pas.
Le drame de Charlie Hebdo sera-t-il générateur non seulement de solidarité nationale mais de changement de prise de conscience des menaces qui vont mettre en péril notre République. Sans révision de nos politiques de sécurité et des moyens en hommes et en matériels indispensables, non seulement notre unité sera mise en cause avec des actes d’autodéfenses, mais nos ennemis accroitront leurs interventions.
Un magistrat, un policier, un médecin sont des relais d’opinions aussi importants qu’un parlementaire. Puisse certain en tenir compte pour les temps à venir?
Mais surtout notre Nation est entrée en état de guerre diffuse, il lui faut maintenir sa politique de dissuasion nucléaire mais instaurer une politique de protection de son intégrité territoriale et démocratique.