Hier matin, je me suis réveillée.
Comme tous les matins, je me suis levée, ai pris mon petit déjeuner avec mon chéri, ai rigolé des cabrioles des chats, ai fait la vaisselle, me suis habillée.
Vers 10h30, je suis partie de chez moi. Je devais aller faire régler mes lunettes chez l’opticien. J’en ai profité pour faire un peu de lèche vitrines et acheter un tee-shirt.
Vers 12h30, je suis rentrée à l’appart. J’étais sereine. Ma balade, prendre l’air, musique dans les oreilles, m’avait fait du bien. J’avais prévu une après-midi boulot, boulot, j’avais faim, j’étais motivée.
Je suis arrivée, j’ai allumé la télé et tout c’est arrêté.
Mon cœur s’est emballé, ma gorge s’est serrée. J’ai lu ces mots « Fusillade à Charlie Hebdo. 11 morts. 4 blessés en état d’urgence absolue ». Je me suis assise, abasourdie.
Mon estomac s’est serré, la tristesse s’est emparée de moi. Je suis restée prostrée devant les infos, qui arrivaient au compte-goutte.
J’ai mis en route l’ordi et me suis connectée à Twitter. Le bilan est passé à 12 morts. Les infos pleuvaient, certaines contradictoires (notamment concernant les états des dessinateurs Charb et Cabu). Certains les annonçaient blessés, d’autres décédés. Difficile de savoir. J’entendais des mots « kalachnikov », « lance roquette », « attentat », « terroriste ».
J’ai eu peur. J’ai eu mal. Je suis triste. Je pense aux victimes, à leurs familles, à leurs collègues. J’ai une pensée pour les journalistes, les policiers, pour leur profession.
Je suis restée branchée toute l’après-midi sur les informations, j’ai suivi les fils d’actualité Twitter. Et j’ai eu mal, très mal.
Parce que ça me touche. Parce que c’est la France qui est touchée. La presse. La liberté d’expression. Parce que des gens sont morts alors qu’ils ne faisaient « que » dessiner.
Qu’il est dur de poser des mots sur mes émotions aujourd’hui … Je suis silencieuse, triste. Je me suis réveillée ce matin en me disant que non, tout cela n’était pas un cauchemar. Tout cela est réel.
Au delà de toute cette douleur, une autre émotion m’est apparue. Émotion que j’avais envie (besoin) de partager aujourd’hui …
Hier soir, ma cousine (qui a 14 ans) a partagé un lien vers un article traitant de cette attaque sur Facebook avec un seul et unique mot : « Horrible ! ».
C’est alors que les souvenirs ont déferlé.
Je me suis revue à son âge, en 2001, quand les attentats de New York ont eu lieu. J’avais moi aussi 14 ans et c’était la première fois que je prenais conscience du mot « attentat ». C’est la première fois que j’ai ressenti cette insécurité, cette peur, ce sentiment de ne rien contrôler et que tout le monde, bien qu’innocents, pouvait être pris pour cible.
Sur les réseaux sociaux, on évoque les attentats de 1995. J’avais 7 ans. Je n’en ai aucun souvenir. J’étais jeune et je pense que mes parents nous ont préservé. Il n’y avait ni internet, ni réseaux sociaux. Je serais incapable de dire si on nous en a parlé à l’école quand c’est arrivé. Je me souviens juste avoir abordé ces attentats en cours d’histoire au collège mais je n’ai pas d’émotions, parce que je n’ai pas vécu ces faits.
En 2001, j’étais en « âge » de comprendre, j’étais confrontée pour la première fois au mot terrorisme. Je me dis que ma cousine n’avait même pas 1 an. Que même si elle était là, elle a juste entendu, plus tard, parler des attentats. Elle ne l’a pas vécu.
Aujourd’hui, en 2015, elle vient de comprendre ce qu’était l’horreur, ce qu’était un attentat. Elle découvre que l’on peut être assassiné parce qu’on fait des dessins. Et ça me fait mal.
Je lis des posts sur des blogs, des parents qui se demandent si ils doivent en parler à leurs enfants, ce qu’ils doivent / peuvent leur dire.
C’est tellement difficile.
Ce drame aura renforcé l’unité et la solidarité des Français (et du monde), et ça fait du bien. Ça ne pansera pas les plaies, loin de là, mais le soutien est nécessaire.
Des rassemblements ont eu lieu hier, une belle image pour cette liberté. Cette liberté qui a été volée à 12 personnes. Cette liberté que nous pensions acquise malgré les menaces, mais qui est fortement remise en cause aujourd’hui. Des événements qui nous rappellent qu’il faut se battre tous les jours.
Un drame qui pose des questions et qui me laisse sans voix…
C’est dur d’écrire aujourd’hui. Dur de sourire depuis hier midi. Dur d’avoir le cœur léger. Dur de rire. Dur de reprendre le cours de sa vie.
Un article confus mais c’est mon état d’esprit du jour. Juste un besoin de mettre des mots sur mes émotions.
Je suis là. Je soutiens. Je suis Charlie.