Faut pas toucher à la liberté d'expression chez nous … Immédiatement, chacun de nous se sent agressé, est objectivement agressé, humilié, meurtri … C'est lorsque certaines libertés fondamentales sont menacées qu'on se rend compte de leur valeur ... Il y a donc des sujets qui suscitent encore chez nous l'unité nationale, et il sont assez rares pour qu'on les souligne. Mais à quel prix !
Juste un rappel historique.
Si la censure était de règle sous l'Ancien Régime, l'un des premiers gestes de l'Assemblée Nationale fut de l'abolir. Ainsi, la liberté d'expression est proclamée dans l'article XI de la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen de 1789. Mais cette liberté reste fragile, et carrément inexistante sous l'Empire.
La liberté de la Presse sera enfin codifiée en 1881. Elle fut conquise de haute lutte, dont l'épisode le plus marquant est la révolution de 1830.
Le roi Charles X déclenche par ses ordonnances particulièrement maladroites les émeutes du mois de juillet, ce qu'on appellera les Trois Glorieuses. Il s'attaque à la liberté de la Presse et à la composition, déjà restreinte du corps électoral. Les principaux journaux d'opposition à la politique du gouvernement, Le National et Le Temps, sont interdits, leurs presses détruites. Les Parisiens élèvent des barricades, on relèvera environ 1000 victimes dont 800 insurgés et 200 soldats.
En août, la Charte constitutionnelle précise que la censure ne pourra jamais être établie. Cependant, la Presse continue à être soumise au cautionnement – un dépôt financier garantissant d'éventuelles pénalités. Les caricatures (déjà !) – comme les « poires » de Louis XVIII par Daumier en 1831 – sont régulièrement attaquées en justice.
Un temps que l'on imagine pas aujourd'hui …où cette liberté nous paraît évidente. Ce que la plus violente des censures, celle qui passe par le meurtre sauvage, ne changera rien.
Tout le monde sera bientôt dans la rue. Faudra rester vigilants !