Ce ne seront que quelques mots, ils seront maladroits.
J'avais juste envie de le dire aussi, de l'écrire. D'ajouter ces quelques lignes à toutes celles qui sont publiées un peu partout aujourd'hui.
Je me rappèlerais de ce 7 janvier, je le sais.
Depuis hier, les sommets enneigés n'ont plus la même saveur. Ils sont toujours là, splendides, brillants sous le soleil. Leur beauté contraste un peu trop avec les horreurs qui se sont produites hier et j'ai du mal à penser à autre chose. J'aurais aimé être place de la République avec mes amis hier soir.
Charlie, c'était le journal de mes années lycées. Le journal provocateur de mes années rebelles et pour lequel j'ai toujours gardé une affection. Depuis il m'avait parfois agacé mais souvent fait sourire même si je ne partageais pas forcément les messages véhiculés.
C'était des dessinateurs et des journalistes de talents.
Mais même si j'avais détesté le journal, je crois que j'aurais été tout autant horrifiée.On a tué ces personnes parce qu'elles faisaient leur travail qu'ils s'agissent des dessinateurs, des journalistes, des policiers...
On a tué des artistes parce qu'ils osaient rire et faire rire.
Mes enfants sont petits, pour le moment je ne leur en ai pas parlé. Comment leur dire que des hommes ont tué des dessinateurs, des journalistes, des policiers. A leur âge, les policiers attrapent toujours les méchants, ils ne se font pas descendre, les journalistes et les dessinateurs écrivent et dessinent, ils ne se font pas descendre.
Mais si j'écris ma colère et ma tristesse ici, c'est aussi pour eux. Pour que lorsqu'ils seront en âge d'écrire ou de dessiner, ils puissent encore le faire sans crainte. Pour qu'ils puissent eux aussi débattre avec leurs amis de la pertinence de tel ou tel dessin. Pour qu'ils puissent grandir dans un pays où existera encore et toujours la liberté d'expression. Pour qu'ils soient libres de penser, d'aimer, de changer d'avis, d'avoir des idées, de les défendre, de rire, de vivre.
Je suis Charlie.