L'histoire du journal satirique Charlie Hebdo trouve d'abord ses racines dans un autre journal satirique appelé Hara-Kiri en France.
Georges Bernier (alias le professeur Choron) et François Cavanna fondent ensemble en 1960 le mensuel Hara-Kiri, journal bête et méchant, ouvertement satirique et très axé sur la bande dessinée. L'équipe comprend les journalistes, dessinateurs, humoristes et caricaturistes vedettes Françis Blanche, Topor, Fred, Reiser, Wolinski, Gébé et Cabu. Interdit de publication parce que "trop subversif" dès 1961, il reparaît pour être à nouveau réinterdit 5 ans plus tard. Cette seconde interdiction dure 6 mois et quand elle est levée et que le magazine reparaît, plusieurs auteurs ont changé d'adresse. On y note de nouveaux venus donc Delfeil de Ton, Willem et Fournier, qui signe Jean Nayrien Nafoutre de Sayquonlat.
Le ton est clair. Punk dans la plume.
En 1969, Cavanna et Delfeil de Ton créent alors le mensuel Charlie, journal de bande dessinée qui est le calque du journal italien Linus. Le journal italien publiait des BD de la France, de l'Italie et d'Amérique, dont Peanuts (Snoopy) d'où il prend le nom du personnage du frère de Lucy. Cavanna et Delfeil de Ton feront la même chose en ubliant les traductions des versions britannique de plusieurs de leurs textes et en présentant à la France l'univers de Schulz, tout en prenant le prénom de Charlie Brown.
Toujours en 1969, on publie encore Hara-Kiri mensuellement, mais on en fait aussi un hebdomadaire comprenant les auteurs vedettes Gébé et Cabu. L'hebdo est renommé Hara-Kiri-Hebdo.
En novembre 1970, l'hebdo fait un lien douteux entre deux évènements tragiques récents, la mort de De Gaulle et l'incendie d'une discothèque qui fait 146 morts en titrant en couverture : "Bal tragique à Colombey: 1 mort". Le ministre de l'intérieur Raymond Marcellin interdit la parution de l'Hebdo Hara-Kiri. Afin de contourner cet interdit, et avec un esprit de bottine certain, les auteurs choisissent de publier quand même mais sous le nom de Charlie Hebdo. qui lui, n'est pas interdit. En référence au mensuel Charlie.
Comme à l'époque d'Hara-Kiri, le professeur Choron est directeur de publication et Cavanna est rédacteur en chef.
Charlie Hebdo est féroce et attaque avec humour des sujets comme les sectes, l'extrême droite, le catholicisme, l'islamisme, le judaïsme, la politique, la culture. Selon Stéphane Charbonnier, dernier directeur de la publication et défunt caricaturiste, le magazine reflète toutes les composantes de la gauche plurielle, et même des abstentionnistes.
À Noël 1981, faute de lecteurs réguliers suffisant, Charlie Hebdo arrête ses publications au #580. Les presses reprennent un an plus tard pour un seul numéro souvenir.
En 1992, le journaliste Phillipe Val et le caricaturiste, dessinateur de presse et auteur de bande dessinée Cabu, qui travaillaient ailleurs, quittent et souhaitent partir leur propre magazine. Le dessinateur de presse Wolinski qui se joint à eux propose de reprendre Charlie Hebdo. le dessinateur Gébé. Phillipe Val et le chanteur Renaud assurent le financement et Charlie Hebdo renaît.
Le premier numéro met en vedette les canons du passé: François Cavanna, Delfeil de Ton, Gébé, Willem, Wolinski, Cabu, le dessinateur et caricaturiste politique Siné, François Charbonnier dit Charb, le journaliste Bernard Maris déguisé sous les traits d'Oncle Bernard, Renaud, l'auteur de BD Luz (auteur de Fluide Glacial, entre autre) et le caricaturiste et dessinateur de presse Tignous . Le premier numéro est un franc succès et se vend à 120 000 exemplaires. La maquette, les signatures, le ton et les graphiques étant les mêmes, on ne parle pas d'un nouveau magazine, mais plutôt de la continuation de l'ancien hebdomadaire.
Dans le nouveau Charlie Hebdo, Phillipe Val, Gébé et Cabu sont les leaders et principaux responsables. Contrairement à l'ancienne édition, la ligne politique est claire: on défend les combats contestataires d'extrême gauche...
Le mot extrême est un mot dangereux. Un mot d'une importance capitale dans la suite des choses pour Charlie Hebdo.
À l'instar d'un magazine de résistance comme Le Canard Enchainé, l'humour du magazine y est corrosif et la contestation efficace. À la fin des années 90, il y a beaucoup de mouvement de personnel et une large diversité sur les opinions exprimées démontrent qu'il n'y a pas de réelle ligne éditoriale "prêt-à-penser". Une rare liberté de ton s'y lit. Charb n'hésite pas entre autre, à éreinter son collègue Siné sur ses habitudes de fumeur. En 2005, ce même Siné incite fortement à voter pour le "non" dans le référendum sur la constitution européenne, tandis que son propre directeur de rédaction milite lourdement pour le "oui"
2006 marque le début d'une période expressément hostile. Déjà sujet à des controverses importantes depuis au moins 2002, quand au Danemark, quatre ans plus tard, des caricatures provoquent la colère internationale des radicaux islamistes, Charlie Hebdo choisit de les publier alors que la plupart des médias les censurent. Le dégoût de l'Islam a toujours été clair pour Charlie Hebdo. Les menaces arrivent par centaines obligeant de la protection policière ainsi que des dispositifs de sécurité électronique à l'entrée de Charlie Hebdo. Les bureaux sont incendiés criminellement en 2011 quand un numéro spécial appelé Charia Hebdo est lancé. Aucune victime, mais les bureaux sont une perte totale.
Les bureaux seront déménagés et non identifiés à partir de maintenant.
Leur site internet a été piraté en 2011 et en 2012. Leur page d'accueil est remplacé par une image de la Mecque et des versets du Coran y apparaissent. La guerre est claire.
Un numéro titrant que Houellbeqc ferait le ramadan en 2022 et une caricature de Charb récente titrant "pas encore d'attentat encore en France" et montrant un déséquilibré islamiste armé disant "attendez! on a jusqu'à la fin du mois pour présenter nos voeux!" ont été reçu comme une invitation pour quelques barbares, au moins trois, qui ont attaqué la réunion de production de mercredi dernier, arme militaire à l'épaule et ont assassiné 12 personnes dans un carnage animal.
Parmi les victimes deux policiers, un en faction permanente devant les bureaux fantômes, l'autre, garde du corps de Charb, et les auteurs vedettes : Cabu, Charb, Wolinski, Honoré, Bernard Maris et Tignous.
La violence est l'arme des lâches.
Ces animaux ne connaissent rien de la religion. Ce sont les ignorants de l''Islam. Ils ne sont fidèles qu'au fascisme,
Si ce ne sont pas les tout les islamistes qui sont de barbares, hier, c'étaient TOUS LES PARTISANS DE LA LIBERTÉ D'EXPRESSION DE LA PLANÈTE qui étaient tout à coup Français.
Donc lourdement endeuillés.
Aujourd'hui, la peine, demain la colère.
Je suis Charlie.