Les canards voleront toujours plus haut que les fusils.

Publié le 07 janvier 2015 par Fashionmama @lafashionmama

Foutus enfoirés.

Espèces de pourritures de l’humanité.

Depuis ce midi, j’ai une boule dans le ventre et la nausée au bout de la gorge. Les larmes sont prêtes à exploser, le mal-être s’installe.

Ne pas céder à la panique. C’est leur fond de commerce, ces bâtards de l’humanité. N’allons tout de même pas leur rendre service.

Je pense d’abord à la fille de Wolinsky, qui a reçu par flash info la photo d’une patrouille arrivant sur les lieux de la rédaction de son papa et qui a posté la photo sur instagram avec la mention peur et le hashtag #papawolinsky

Ma petite, la voix de ton papa te manquera cruellement. J’en pleure pour toi, chaton. Mais tu as bien raison, son esprit, lui, est toujours là.

Je pense à Charb, de son vrai nom Charbonnier, qui a confié en 2012 :

« Je n’ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit. C’est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux ».

Tu es mort libre, Charb. T’inquiète. RIP.

Je pense à Ahmed, 42 ans, mort pendant son service, pour la France. Allah yi rahmek, cher Ahmed, frère. Mes condoléances à toute la famille.

« Le policier assassiné dans la rue s’appelait Ahmed, 42 ans. Mort au service de la France … »

Je pense aux familles qui ont appris les décès par les innommables vidéos (svp, gardez ces vidéos pour vous…pensez-vous à ceux qui ont vraiment perdu quelqu’un et respectez leur douleur avec un peu de décence,…)

Je pense au métier de journaliste, à ce que ça à coûté à notre société d’avoir une presse libre, indépendante, pugnace et insolente.

Je pense que le journalisme est comme un symbole, un remède contre la pensée unique, un vaccin contre l’obscurantisme, un rempart contre la dictature informationnelle.

Celle qui nous ouvre l’esprit, qui nous apprend la critique, qui nous éduque le raisonnement logique.

Je n’ai pas toujours été d’accord avec votre ligne éditoriale, Charlie et compagnie. Vos caricatures ne m’ont pas plu, en tant que musulmane, parce que vous avez touché à quelque chose de sacré pour moi qui ne l’était pas pour vous. Mais j’ai toujours aimé le débat. C’est toute la beauté de la démocratie. Ne pas être d’accord, dire cause toujours, entendre tout et son contraire. C’est d’ailleurs cette même démocratie qui a permis à mes autorités religieuses de porter plainte.

Je pense que la peur est le pire des moteurs, je pense que la haine la pire des inflammables, je pense que les fausses croyances sont les allumettes des idiots barbares.

Je pense que j’ai grandi dans les valeurs de l’Islam, celles de la tolérance, du savoir, de la foi qui anime et non qui décime.

J’abhorre, espèce d’enfoirés, que vous parliez au nom de ma religion, de mon Prophète, SAW. Qui êtes-vous, espèces d’aveugles illuminés , pour parler en Son Nom? Qu’avez-vous retenu, compris, intégré, assimilé? WALOU! Ne vous clamez PLUS JAMAIS de la même religion que moi, que mon frère, que ma soeur, que mon père, que ma mère, que mes cousins, que mes imams.

« Je suis très en colère. Cela n’a rien à voir avec l’islam. Ils ont perdu leur âme, vendu leur âme à l’enfer. Nous pleurons tous, toutes les familles françaises pleurent, a déclaré Hassen Chalghoumi.

Je pense que ce soir, je suis triste, dégoutée, nauséeuse, horrifiée, révoltée.

Je pense que je vais me coucher en me demandant où va le monde.

Mais je penserais toujours que c’est l’encre qui doit couler, pas le sang.

Je penserais que c’est l’art qui doit répondre à l’art, pas la violence.