Si la vérité peut fâcher autant qu’une blague acerbe, personne n’aurait pu imaginer qu’elle embraserait les esprits au point de réduire toute une rédaction au silence. Charb, Cabu, Tignous, Wolinski et bien d’autres ne sont plus. Muselés de force pour ce qu’ils savaient faire de mieux : du rentre-dedans. Un prix bien élevé pour l’impertinence accomplie. Satirique, libertaire et souvent offensif, Charlie Hebdo ne se résume pas à un torchon raciste pour autant, n’en déplaise à ses détracteurs les plus farouches.
Au risque de choquer, bousculer et attiser les passions, ce journal est resté fidèle à sa ligne de conduite de départ. Le rire, car c’est le propre de l’Homme. Tout comme l’auto-dérision d’ailleurs, aussi déplaisante soit-elle quelques fois. Puisqu’une telle barbarie ne peut que laisser sans voix, consacrons une minute de silence en hommage aux familles des victimes et à mes confrères de plume et de crayon. Car «nous sommes tous des Charlie».