Si certains clichés ont la vie dure, il y en a un qui cède toujours plus de terrain : le BTP ne serait pas un métier de femme. Les Trophées de la femme du BTP, organisés par Le Moniteur le 16 décembre et dont Bouygues Construction était partenaire, ont démontré que la mixité dans les entreprises de construction est déjà en marche et que le mouvement s’accélère. Cette première édition, dont l’objectif était de récompenser des parcours exemplaires de femmes dans tous les métiers, a suscité l’enthousiasme des collaboratrices du Groupe et trois d’entre elles y ont été primées.
Découvrez chaque semaine l’interview de l’une d’entre elles. Aujourd’hui, notre première lauréate, Sophie Reignier, Femme de Ville Durable et Intelligente 2014.
Que représente pour vous l’obtention de ce trophée ?
Je suis très fière d’avoir reçu le prix de la Ville durable, car ce thème m’importe beaucoup. Réfléchir à la ville de demain, voilà pourquoi je me lève tous les matins. Je suis fière pour moi, mais aussi pour les équipes qui ont travaillé avec moi sur le projet d’Eikenøtt. Je mentirais si je vous disais que je n’espérais pas l’obtenir, nous l’espérions toutes. Je crois que ce qui a fait la différence, c’est la particularité de mon parcours : nous sommes allés au bout d’un projet en réalisation avec l’éco-quartier de Gland. Je m’étais aussi présentée pour le Trophée du Développement Immobilier, mais c’est la catégorie Ville Durable et Intelligente qui me tenait le plus à cœur. Je me suis un peu fait violence pour participer au début : dans ce métier on n’a pas besoin de lauriers pour avancer, mais j’ai vraiment été soutenue par les équipes et ma hiérarchie.
Pensez-vous que cette initiative est susceptible de faire progresser la mixité dans le BTP ?
J’en suis convaincue ! Il faut montrer aux jeunes que ces métiers en valent le coup et donner exemple aux autres que les femmes peuvent réussir dans la construction. Ce sont des métiers où l’on peut vraiment s’épanouir et se réaliser en tant que femme. Les changements de mentalités sont lents, il y a toujours des irréductibles avec des réflexes machistes. Nous nous défendons avec notre professionnalisme et notre capacité de travail. La principale difficulté pour les femmes aujourd’hui est qu’elles sont isolées dans l’entreprise à partir de certains niveaux hiérarchiques et c’est difficile à gérer. Chez Losinger Marazzi, la filiale suisse où je travaille, nous sommes un petit noyau dur qui se soutient mais il faudrait un grand mouvement pour faire progresser encore les choses. La force de l’exemple est très importante et ces trophées en sont une belle illustration.
Quel conseil donneriez-vous à une jeune femme attirée par le monde du BTP mais qui hésite encore à se lancer ?
Je lui dirais qu’il ne faut pas avoir peur. A partir du moment où l’on respecte l’autre, qu’il soit homme ou femme, on sera respecté en retour, c’est ma vision des choses. Le BTP en vaut la peine, c’est un métier passionnant que l’on exerce avec passion. Chez Bouygues Construction, on nous fait confiance et on nous donne de belles opportunités. Au quotidien, on nous encourage à oser, à développer, à raconter de nouvelles histoires comme on a envie de le faire. C’est un Groupe dans lequel je me sens bien, pionnier sur les thèmes de la Ville durable et qui nous permet d’aller loin. Si nous n’avions pas osé en 2009, le projet Eikenøtt n’aurait jamais vu le jour.
Jessica Swiderski
Son parcours en quelques lignes Diplômée de l’école d’ingénieurs ENSTA, option génie maritime, en 2000 7 ans dans le domaine parapétrolier chez Bouygues-Offshore puis Saipem SA Départ pour la Suisse en 2007 pour travailler dans le bâtiment chez Losinger Marazzi Se consacre au projet Eikenøtt de 2009 à 2012 Aujourd’hui en charge du développement immobilier à Genève