Almora publie ce mois ci un nouveau livre de Jean Bouchart D'Orval
L'harmonie secrète
Quatrième
"L’essentiel n’a pas été dit sur l’ancienne Égypte.
L’antique civilisation du Nil demeure incompréhensible tant qu’on ne peut pressentir l’existence comme la voyaient les grands initiés qui en furent les maîtres d’œuvre. En l’absence de cette lumière, le discours sur l’Égypte demeure confiné aux relatives banalités dont l’égyptologie classique se contente depuis deux cents ans. Le cordon reliant toutes les perles du « miracle égyptien » n’est rien d’autre qu’une authentique et profonde spiritualité. Or, presque toutes les publications sur l’Égypte ancienne ignorent ou feignent d’ignorer ce ferment absolu et tout est passé à la moulinette d’un matérialisme borné et d’un rationalisme timoré. Aucun égyptologue ne lira ce livre…
L’ancienne Égypte avait planté au cœur de sa vie ce sans quoi aucune société ne peut vivre dans l’harmonie et qui nous fait tant défaut à nous : le sens du sacré. Elle en vivait et elle n’a jamais cessé de l’exprimer dans des monuments célébrant le grand miracle : la manifestation de l’Inconcevable par le visible. On ne peut en apprécier toute la beauté si on ignore son langage symbolique, sa géométrie sacrée, la loi des nombres, l’harmonie et les proportions musicales. Car sur l’essentiel les maîtres de l’Égypte antique n’ont rien dit et n’ont rien expliqué, mais ils ont donné des signes.
L’essentiel n’a pas été dit sur l’ancienne Égypte.
Il ne peut être dit."
L'Harmonie secrète, cœur de l'ancienne Égypte, Jean Bouchart d'Orval, Éditions Almora, Paris, 2015, ISBN 9 782 351 182 260, 18€.
Extrait
"L’Égypte ancienne recèle la clé capable de délivrer l’homme moderne des ses tourments. La cause profonde des malheurs qui nous affligent, tant individuellement que collectivement, n’est pas d’ordre économique, financier, politique ou social ; elle est d’abord et avant tout de nature spirituelle. Toutes nos difficultés à bien vivre sur terre sont des symptômes de l’oubli de l’essentiel, cet essentiel que l’ancienne Égypte avait installé au cœur de sa vie. Ce que nous sommes est impensable, inconcevable, sans bornes et intemporel. Une société fondée sur autre chose que cette vérité ultime, peu importe sa puissance économique et militaire, ne peut vivre dans la paix et l’harmonie.
Le présent ouvrage souhaite replacer la civilisation de l’Égypte ancienne dans la perspective résolument spirituelle qui fut la sienne dès l’origine et sans laquelle elle demeure absolument incompréhensible. Le ferment absolu du miracle de l’Égypte antique fut la lumière de ses maîtres spirituels, ceux qui avaient percé le grand secret de l’existence. Ce livre n’a aucune prétention à une quelconque érudition égyptologique et n’a d’autre but que de souligner quelques aspects fondamentaux négligés ou mal éclairés de l’antique civilisation du Nil. Il est une occasion de nous réjouir ensemble dans le sacré.
Le sacré : notre civilisation a justement perdu cet étonnement mêlé de respect devant ce qui dépasse infiniment les petites vies restreintes et remplies de calculs inquiets que nous menons sur terre. Seul le sens du sacré peut mener les êtres humains au-delà des futilités et des ajournements dont leur quotidien est truffé et devant lequel s’effondrent alors toutes les insignifiances, les doutes et les inquiétudes. L’antique civilisation du Nil a vécu dans le sacré : elle le respirait et l’exhalait et c’est exactement ce dont l’homme moderne a le plus criant besoin.
L’Égypte ancienne incite à l’Immensité. Remercions les égyptologues, qui depuis deux siècles ont travaillé d’arrache-pied et ont découvert pour nous des merveilles. Mais il nous reste encore à découvrir la Merveille celée dans ces merveilles. Il est encore temps de le faire, il est toujours temps, car l’appel franchit des milliers d’années et se réfère à l’Éternité en nous.
Il en est pour croire que presque tout a été dit sur l’antique civilisation du Nil. Or, l’essentiel n’a pas encore été clairement formulé ; en tout cas, ceux qui ont osé faire signe dans cette direction furent superbement ignorés et le sont encore, car ils dérangent la vision mondaine et profane imposée par l’égyptologie officielle. Depuis l’importante et célèbre expédition napoléonienne en Égypte, l’humanité a dépensé beaucoup d’énergie et parfois de grosses sommes d’argent pour découvrir tant de tombeaux et de grandioses monuments, déchiffrer les hiéroglyphes, exposer des statues et toutes sortes d’objets magnifiques dans les musées, et sauvegarder des temples de la destruction ou de l’inondation ; mais il nous reste encore à prendre en garde le plus grand Monument… Ce Monument est invisible, mais c’est lui qui est à la source de tous les autres et sans lequel ceux-ci ne sont qu’objets de curiosité vides et stériles. C’est ce Monument qui en cet instant même fait vivre en moi ce qui autrement ne serait qu’amas de pierres mortes.
Un abîme sépare encore l’Immensité évoquée en tout par les maîtres de l’Empire égyptien et la pauvreté de ce qu’en ont déduit les égyptologues depuis deux siècles. L’égyptologie savante est passée à côté du cœur de ce que les Anciens ont vu, vécu et formulé. Ce n’est pas que les travaux des égyptologues soient inutiles —bien au contraire, ils sont précieux— ou que leur discours habituel soit faux ; c’est simplement que, depuis deux siècles, tout cela est demeuré désespérément à la surface. La plupart des commentaires tendent encore aujourd’hui à montrer que les Anciens étaient de naïfs superstitieux qui avaient très peur de la mort et idolâtraient une multiplicité de dieux[1]. Elle a voulu comprendre l’Égypte à partir de la mentalité moderne, fondée sur le rationalisme grec, et c’est pour cela qu’elle a raté le plus beau. Elle reflète parfaitement notre monde tourné vers les « choses » et ignorant la Vie." Jean Bouchart D'Orval
[1] D’ailleurs, les indianistes occidentaux du XIXe siècle on exprimé la même ignorance et la même arrogance au sujet de l’Inde védique.