Are you talking to me?

Publié le 06 janvier 2015 par Pomdepin @pom2pin

Il n’y a pas que les ados pour mettre de la joie dans une famille, il y a aussi les bébés, enfin les Toddlers, surtout quand ils commencent à s’approcher avec détermination des terrible twos, qu’ils veulent faire preuve d’indépendance et qu’ils commencent à parler vaguement. Avec un enfant bilingue, c’est encore plus comique.


(source photo)

Bébé 5, pardon Toddler 5 (j’ai vraiment du mal…pourtant il grandit à vue d’œil) est très sociable. Dès que ça sonne à la porte, il se précipite, et tape la causette en gazouillis incompréhensibles aussi bien avec le facteur, que le livreur du supermarché (il l’aime beaucoup, il a bien compris que c’est le ravitaillement qui arrive) ou les témoins de Jéhovah. Remarquez, c’est pratique, avant pour m’en débarrasser, je me confondais en excuses polies avant de leur claquer la porte au nez (non, je n’ai pas trouvé « Ourlord ». Ou alors c’est un pote chevelu de L’Ado peut-être? Il a des copains avec des surnoms bizarres qui trainent dans sa chambre. Il y en a même un qui arrive toujours avec son ukulélé)…je ne sais absolument pas où je voulais en venir…Quelqu’ un a suivi ? Ah, oui, maintenant, pour faire fuir les témoins de Jéhovah et assimilés, je laisse Toddler 5 leur répondre. Il adore. Il a trouvé les derniers à se risquer bêtement à notre porte tellement sympathiques, qu’il leur a offert un rouleau de papier toilette. Ils ont eu l’air surpris, à mon avis, ils ne sont pas près de revenir chercher leur pote Ourlord ici.

Je me suis renseignée quand L’Ado a commencé à gazouiller (maintenant, il grogne), et j’en ai même fait mon métier, l’apprentissage des langues, c’est un sujet qui me captive. Il semblerait qu’un enfant bilingue ou plus (je pense à la princesse trilingue de Margarida) apprend à parler moins rapidement qu’un enfant monolingue. Attention, il n’est pas lent, mais il a tendance à mélanger allègrement ses deux langues, tant pour le vocabulaire que la construction de phrase. Il désignera toujours certains objets dans une seule langue, mais pour d’autres il change régulièrement, sans aucune logique apparente. Il faut dire qu’avant trois ans, en moyenne, l’enfant bilingue ne fait pas consciemment la différence entre ses deux langues, il parle, c’est tout. Ça sort comme ça peut même si inconsciemment, il a déjà commencé à préférer certains mots selon les personnes à qui il s’adresse. Toddler 5 commence à peine à babiller, mais il est déjà confronté au problème. Voulant réclamer un autre gâteau à une de mes copines expat aussi, il s’est retrouvé plongé dans des abîmes de perplexité…il a réfléchi un bon moment avant de lancer : « More, encore! ». Dans le doute, autant lui faire dans les deux langues!

C’est le premier de mes enfants à choisir cette formule. Il hurle de joie dans la rue quand il croise un « sien-dog » (chien), ou un « cat-miaou » (un chat, l’onomatopée anglaise pour miaou, c’est meow). Il parle de lui en disant : baby-bébé. Puisque vous vous obstinez à parler deux langues, je vous donne les deux, triez vous-même! C’est déjà une première prise de conscience qu’il y a deux vocables pour le même objet. PrincesseChipie à trois ans, déjà très bavarde racontait sa petite journée à une de mes amies anglaises qui souriait poliment. Ma fille s’est arrêtée net, elle a regardé ma copine, et a recommencé son histoire en anglais. C’était la première fois qu’elle traduisait et changeait volontairement de langue pour s’adapter à son interlocuteur. Elle s’était rendue compte que mon amie ne suivait pas du tout son récit pourtant captivant, elle est donc passé en anglais pour se faire comprendre. Il n’y a pas toujours un déclic aussi tranché, mais les enfants finissent toujours par comprendre quand utiliser telle ou telle langue. Ça ne les empêchera pas de faire des fautes, surtout de grammaire et de se faire des nœuds dans le vocabulaire, mais les adultes en font aussi!

Je me suis aussi demandé pourquoi Toddler 5 n’a pas sauté au cou de Mamie à Noël, alors qu’il accueille joyeusement n’importe qui dans la maison. Mais Mamie, en plus d’être sournoisement sortie de l’ordinateur (Toddler5 n’est pas bête, il sait très bien que c’est là qu’elle habite, il la voit sur Skype tous les samedis) parle français, et tout le temps en plus. Et ça, ce n’est pas normal. Devant la difficulté pour différencier leurs deux langues, les enfants ont besoin de se créer des repères. Le français, c’est avec papa et maman, les grands frères et soeurs, c’est tout. L’Ado etait terrorisé petit quand pour bien faire, des amis anglophones le saluaient en disant « bonjour » en français. Il a aussi refusé de prononcer un seul mot d’anglais devant nous pendant longtemps. Il ne voulait même pas faire ses devoirs avec moi. Comme il savait déjà lire en rentrant à l’école, il traduisait ses exercices pour me les dire en français.

Pour d’autres, la différence est géographique. Plus jeune, GeekAdo refusait de parler un seul mot de français en dehors de la maison, même avec nous. PrincesseChipie va plus loin, elle parle anglais dans sa chambre, et français dans le reste de la maison. On a droit à des conversations étranges où elle passe son temps à changer de langue. Toddler5 bénéficie aussi de l’experience de ses frères et sœurs. L’Ado part exemple, n’a rien trouvé de mieux que de lui apprendre à dire « c’ est coooool » qu’il prononce « i cooool », ça passe très bien dans les deux langues.

Il y a aussi des fois où je suis soulagée que mes enfants ne choisissent pas la bonne langue. Tout à l’heure, Toddler 5 a gentiment expliqué à un démarcheur (non, je ne veux pas changer ma cuisine) qu’il voulait faire caca. Et comme ce pauvre homme n’avait pas l’air de comprendre, Toddler5 a insisté, en braillant bien fort pour que tout le quartier en profite: cacaaaaaa. Youpidoo!