merci à Marie-Elisabeth C
L’autre matin, sous la feuillée,De soleil rose ensoleillée,Je rêvais à toi, - tu passas!Et je vis à ta boutonnière,Penchant ses graines de lumière,Une branche de mimosas."Oh! donne-la moi, je t’en prie,Cette petite fleur flétrie…"Murmurai-je. Et tu refusas!D’un œil foncé qui me regarde,Tu refusas. Tu dis: "Je gardeCette branche de mimosas."Et, sans voir qu’à cette secondeJe ne voulais plus qu’elle au monde,De mon tourment tu t’amusas:"Il y en a sur la pelouse…- Non, je veux, car je suis jalouse,Cette branche de mimosas!Si tu l’aimes, toute fanée,C’est qu’alors on te l’a donnée,En te taisant, tu t’accusas.Parle! nomme-moi ma rivale!Regarde-moi… je suis plus pâleQue la branche de mimosas!"Mais toi, d’une voix attendrie,Tu t’écrias: "O ma chérie,A mes regards tu proposasCent visages: des fous, des sages,D’autres plus fins que les feuillagesDe la branche de mimosas.Mais, très curieux de nature,Je rêvais de voir la figure- Car je ne la connaissais pas –Que vous faites, alors qu’on oseVous refuser la moindre chose…Tiens, les voilà, les mimosas!" Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle