Si très probablement le Guide Rouge qui sera publié mi-février (et donc qui doit être imprimé à ce jour) ne pourra pas donner *** à ce nouveau restaurant bordelais, gageons que ce sera très vite fait.
Une table de 5 personnes hier soir dans cette maison qui verra vite le passage du Grand Jacques, toujours à l'affût de nouveautés gastro, a été enthousiaste sur tous les points : cadre (un olivier qui, à lui seul, mérite la visite); beauté architecturale de cet Hôtel particulier remis à neuf par Bernard Magrez, face à son centre culturel; niveau de la cuisine, école "Robuchon"; et, sopra tutto, un service rêvé.
Explications :
Si on pouvait s'attendre du tandem Magrez-Robuchon à un tel niveau d'excellence côté cuisine et carte des vins (qui sera certainement plus internationale avant Vinexpo), on pouvait craindre un service non pas hautain ou servile "à l'américaine" (cad dans la seule attente d'un gros pourboire), mais à tout le moins "neutre-haut-de-gamme".
Pas du tout. Il y a dans cette Grande Maison un personnel ayant parfaitement compris qu'en fonction des tables, hôtes venus pour le plaisir ou pour préparer ou conclure un contrat , le ton devait s'adapter. Hier soir, ce fut un festival. Du grand art. Amical, service au guéridon, explication des mets, et ronde des pains valant à elle seule une visite !
Parlons cuisine : clairement, des coudées d'avance sur ce qui bouge en ce domaine en Europe. Joël Robuchon et son chef asiatique qui a travaillé au japon et à Singapore ont parfaitement compris le besoin de légèreté, la nécessité de goûts précis et marqués, sans aucune surcharge de ci ou de ça. Désolé : la Grande Maison ne souhaite pas la mise en ligne de photos. La tartelette de truffes sur une fine couche d'oignons: pur bonheur.
Qu'il soit permis de noter à quel point Bernard Magrez a souhaité créer ainsi à Bordeaux une Grande Maison où on peut trouver à la carte ses crus à prix outrageusement bas pour ce type de restauration. Sa Tour Blanche (qui avait cartonné en tête à une session du GJE) est à moins de ‹€ 20 ! Cela permet singulièrement à l'amateur soucieux de ses euros de rester dans des limites acceptables. En fait, si cette carte ne s'envole pas sur les prix, lorsque Michelin aura mis sa note, gageons que cette Grande Maison sera en tête des meilleurs RQP des ***.
Un problème ? oui : vu le nombre limité de couverts, il est essentiel de bien réserver à l'avance et pour ceux qui comptent venir là lors du prochain Vinexpo, on ne peut que conseiller de réserver dare-dare une table dans ce bel Hôtel particulier.
Dernier bon point : a priori, on acceptera ici le BYO (bring your own wine) et le DoggyBag (loi européenne ?).
Quel fut le vin de la soirée ? Choisi par le gamin, dégusté à l'aveugle : Château Peyre-Rose Syrah Leone. Un cru totalement inconnu de bibi, très étonnant en développement aromatique, bien long… mais dans lequel je n'ai pas trouvé "ma" syrah rhodanienne helvétique. Comme quoi, on en apprend tous les jours. Et on a terminé sur un beau Difese d'Incisa della Rocchetta. Oui, on a été très sages :-)