Si depuis plusieurs jours vous n'avez pas entendu parler de Michel Houellebecq et de son livre, c'est que vous étiez sur une ile déserte en plein Pacifique sans aucune communication possible. De fait, il est partout le Houellebecq, France 2, Frane Inter, RTL, Canal +, sans compter tous les articles et billets d'humeur sur le sujet, avant que le livre ne sorte officiellement, et souvent alors même que ceux qui en parlent ne l'ont pas lu.
On pourrait se réjouir que pour une fois un roman, un écrivain, fasse la une de l'actualité. Sauf que voilà, dans tous les commentaires, dans toutes les interviews, il n'est jamais ou si peu question de littérature. Ce qui intéresse le landerneau médiatique c'est que l'auteur à imaginé que d'ici quelques années la France serait dirigée par un parti islamiste surgi de nulle part. L'occasion est formidable pour eux de se saisir du livre et de jouer à leur jeu favori : faire peur aux Français !
Pourtant, et c'est bel et bien marqué sur la couverture, il ne s'agit que d'un roman, d'une oeuvre de fiction, (dont on peut penser ce que l'on veut à condition de l'avoir lu bien sûr) mais en aucun cas d'un essai ou d'un traité de philosophie politique. Dans ce cas, il est incompréhensible que Michel Houellebecq soit interrogé comme analyste politique et non plus comme écrivain, ce qui contribue à donner du sens et crédibilité, à ce qui n'est au demeurant qu'un fantasme réactionnaire sans fondements.
Dès lors, lorsque David Pujadas demande à Michel Houellebecq s'il n'a pas peur de faire le jeu de Marine Le Pen avec son livre, on croit rêver tant il donne à Houellebecq et au livre une importance qu'ils n'ont pas. Il serait surtout temps de renvoyer la question à Pujadas et à tous ceux qui comme lui se sont jeter le livre et son auteur, en leur demandant si en l'invitant partout et en le transformant en politologue, ils ne font pas, eux, le jeu du Front National.
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