Une claque, une énorme claque, un choc après avoir appris ce qui s’est passé à Charlie Hebdo. Je ne vais pas faire de longues diatribes. J’avais juste ce petit texte sous le coude. Je crois qu’il attendait son heure. La voici…
En atelier, on parle de tout, de rien. On n’est pas centrés que sur l’électronique et l’informatique. Par exemple, on parle cuisine et qu’elle n’est pas la joie des filles d’apprendre que mon plat préféré est le couscous… S’ensuit une séance de torture ethnique et culinaire : « Moi, ma mère, elle le fait comme ça », « Les merguez on les cuit comme ça », « Ma mère, elle fait des brochettes comme ça », « Mon père, il met ça comme épices ». Difficile de ne pas sentir un grand creux au sein de l’estomac et je me vois mal sonnant chez les parents sous le vague prétexte de « votre fille m’a dit que vous faisiez un super couscous »…
Des prénoms, j’en apprends tous les jours. Des plus exotiques aux plus classiques, en passant par les américanisés et les orthographes improbables ou modifiés. Des mots aussi, des expressions… J’en apprends de tous les pays, de toutes les cultures. Hier je codais en Scratch en roumain par exemple. C’était amusant, enrichissant.
Les enfants viennent de partout, voire de très loin. Certains sont en France depuis peu et ont la chance d’apprendre deux langues en même temps : le français et le code.
J’ai deux passions dans la vie : l’informatique au sens général et la musique électronique. L’informatique et Internet m’ont appris que les frontières pouvaient disparaître et ma première claque musicale électronique est un morceau qui mélangeait allégrement sons électros, rythmes funk, rap et rock, samples indiens et orientaux… Ca paraissait naturel.
Pour les enfants, aussi c’est naturel. Je ne vais pas tout enjoliver car il est arrivé une ou deux fois que je me trouve face à des frictions “communautaires” mais il ne s’agit que d‘une ou deux fois, ce qui fait peu face à la quantité d’enfants que j’ai déjà rencontrés. J’ai sous les yeux régulièrement un véritable melting-pot et ça se passe bien.
La mixité, ils la font donc sans y réfléchir, naturellement. Plus tard, nos clichés, nos rancoeurs viendront tout gâcher chez certains. Pour d’autres, cela restera naturel.
Je laisse le mot de la fin à un enfant qui, peut-être un peu jaloux lors d’une discussion, s’est écrié « Hé mais moi aussi je suis métis ». Il a fallu que ce petit blond aux yeux bleus nous explique face à nos regards interloqués et lourds d’incompréhension. Mais il avait bel et bien raison : il a un père français et une mère belge…
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