Le premier volet invitait à suivre les errances d’un héros voyageant d’une dimension à l’autre afin d’y subtiliser des objets de valeur. Au fil des épisodes Jeff Smith levait graduellement le voile sur le passé de cet ancien chercheur poursuivi par un étrange tueur à tête de lézard à travers les différents mondes parallèles.
Ce deuxième volet qui reprend les épisodes #5 à #11 de cette saga qui en compte quinze, dévoile un héros de plus en plus éprouvé par la succession de voyages et toujours sous le choc de l’ultimatum reçu par l’homme à tête de lézard. Au fil des pages, ce personnage que l’on prenait initialement pour un cambrioleur inter-dimensionnel porté sur la boisson gagne néanmoins en profondeur. Outre les quelques personnages de cet intrigue, qui ont droit à des doubles dans chaque dimension, le lecteur croise également d’autres individus aussi intéressants qu’intrigants. Je pense notamment à ce mendiant qui se fait appeler « le Président », mais surtout à cette étrange fillette au regard hagard, qui se fait appeler « Dieu ».
L’auteur continue également de lier son intrigue au travail de Nikola Tesla. Si le tome précédent revenait sur le mythe d’une expérience militaire américaine (l’Expérience de Philadelphie) qui aurait eu lieu dans les chantiers navals de Philadelphie en 1943, celui-ci revient sur la chasse au courant que se sont livrés Thomas Edison (le courant continu) et Nikola Tesla (le courant alternatif). Ces passages très didactiques permettent de densifier le récit, tout en lui octroyant un ancrage historique intéressant et crédible. La progression assez lente de l’intrigue principale se voit ainsi compensée par des parenthèses scientifiques qui densifient l’univers de RASL et par des allers-retours fréquents qui donnent de la profondeur au personnage central.
Visuellement, Delcourt a opté pour la version colorisée de cette saga initialement publiée en noir et blanc outre-Atlantique. Malgré un style immédiatement identifiable, Jeff Smith propose des planches bien plus sombres que sur l’aventure qui l’a révélé au grand public. D’un trait plus réaliste, il contribue à rendre cette histoire mêlant explications scientifiques et sauts inter-dimensionnels particulièrement accessible.
Vivement la conclusion de cette trilogie que vous pouvez retrouver dans mon Top de l’année !