Vous le savez peut-être, Jacques Brel, qui fut ma première interview lorsque j’avais 14 ans, fut aussi « l’idole » (Disait-on ça à l’époque?) des mouvements de jeunesse, tel que le scoutisme.
Ses chansons reflètaient l’idéal, l’amour un peu romantique, la fraternité. J’achetais tous ses disques et je recopiais les paroles dans mon « cahier de bord », à côté de mes premiers poèmes si maladroits.
Lors des feux de camp, des veillées, l’un ou l’autre chef sortait sa guitare et nous chantions de notre mieux, le regard perdu dans les flammes et les étincelles du feu, si fascinant !
Aujourd’hui, c’est l’Epiphanie, la fête des rois… Nous savons aujourd’hui un peu mieux tout le symbolisme, toute la légende qui entourent cette « histoire sainte » qu’on nous apprenait à l’école. Nous étions partagés entre l’émerveillement de ces miracles et déjà quelque doute sur la véracité de telles histoires, réécrites d’ailleurs bien plus tard que les faits…
Sur le disque sorti, je pense, en 1958, l’année où j’ai rencontré Brel justement, se trouvait aussi une sorte de poème, dit par l’artiste. Il collait tellement bien à ce que nous pensions à cette période charnière ! Un texte « révolutionnaire », ouvrant notre conscience, pour cette époque ! On devait croire, un point c’est tout, souvenez-vous !
Je vous le recopie…
Dites, dites, si c’était vrai
S’il était né vraiment à Bethléem, dans une étable
Dites, si c’était vrai
Si les Rois Mages étaient vraiment venus de loin, de fort loin
Pour lui porter l’or, la myrrhe, l’encens
Dites, si c’était vrai
Si c’était vrai tout ce qu’ils ont écrit Luc, Matthieu
Et les deux autres
Dites, si c’était vrai
Si c’était vrai le coup des Noces de Cana
Et le coup de Lazare
Dites, si c’était vrai
Si c’était vrai ce qu’ils racontent les petits enfants
Le soir avant d’aller dormir
Vous savez bien, quand ils disent Notre Père, quand ils disent Notre Mère
Si c’était vrai tout cela
Je dirais oui
Oh, sûrement je dirais oui
Parce que c’est tellement beau tout cela
Quand on croit que c’est vrai.
