Mis en place par un chercheur suédois, un nouveau système veut permettre aux ordinateurs de simuler avec toujours plus de fidélité les mouvements humains. Le but selon lui ? Améliorer la santé au travail.
Cela fait longtemps que l’on tente d’éviter les tâches répétitives et harassantes dans les usines notamment en les confiant à des robots. Mais le problème des positions difficiles, des mouvements fatigants, etc demeure. Voilà pourquoi Ali Keyvani de l’université West en Suède a voulu mettre au point un système de reconnaissance et d’analyse des mouvements afin de permettre aux usines de connaître à l’avance les tâches qui pèseront le plus sur la santé des ouvriers. L’objectif de ses recherches a été de remettre l’humain, et plus particulièrement l’ouvrier, au centre des projets de simulation de production : “Les douleurs liées au travail ont pour origine différents facteurs comme une position statique prolongée ou des mouvements impropres. Ces soucis peuvent être largement évités si ces tâches et mouvements peuvent être simulés dès la phase de développement du produit.” précise t-il dans le communiqué de l’université.
Pousser plus loin les technologies actuelles
En fait des solutions poussant dans ce sens existaient déjà. Ces technologies dites DHM (Digital Human Modeling) tentent depuis plusieurs années de reproduire les mouvements humains, notamment dans la chaîne de production. Mais selon Ali Keyvani, ces technologies ont encore de grosses lacunes : “Elles sont chronophages et le mouvement obtenu est loin d’être naturel” explique le chercheur. Il a alors mis au point un nouveau système d’enregistrement des mouvements associé à une base de données. L’ensemble permettrait ainsi une plus grande rapidité et une plus grande fiabilité dans la simulation des mouvements. Avec le projet CroMM auquel il participe, le chercheur espère désormais développer un logiciel capable d’anticiper et d’évaluer les charges les plus difficiles des ouvriers pour les transférer vers les robots par exemple.
Aider l’humain ou le remplacer ?
Cela étant, le risque est réel de voir les industriels se servir de l’outil pour tenter de remplacer les humains et d’améliorer la productivité. Comment en effet ne pas être tenté d’utiliser la technologie de simulation pour améliorer la production, réduire les coûts et la main d’œuvre ? Anticiper et évaluer la pénibilité de chaque action pourrait finalement servir de prétexte à une chaîne de production dans laquelle l’humain serait écarté au profit de robots. Peu de chances donc dans ce cas de figure pour que des emplois ne soient pas supprimés si un tel système était massivement adopté. Mais l’éviction de l’humain au profit des robots n’est pas toujours inéluctable et la cobotique ou association de la robotique et de l’humain permet de plus ne plus de renforcer le lien homme/machine. Entre les robots qui font l’inventaire dans le commerce et les bras robotiques pour équiper les ouvriers, l’association robotique/industrie promet donc de profonds changements dans les années à venir.