Notes de lecture, par Alain Gagnon…

Publié le 05 janvier 2015 par Chatquilouche @chatquilouche

Les gens de culture, plus que les autres, s’attachent aux formes. Moins au contenu. Je regarde mes livres. Les bibliothèques forment enceinte, autour de ma table de travail. Nostalgie. Je sais que leurs jours sont comptés. Ils ne pourront résister au numérique.

De la Renaissance à nos jours, le livre a été le principal dépositaire, le véhicule de la culture. Il était source culturelle et objet culturel. Un fétiche pour beaucoup. Qui n’a pas entendu les expressions : « odeur de l’encre », « odeur du livre neuf », « craquement du papier », « texture de la page »… Combien ont possédé des collections de luxe qu’ils n’ont jamais feuilletées ?

On en a oublié le contenu.

Le livre importe par ce qu’il contient. Il n’est que support. Après la pierre, les papyrus, la tablette de cire, les parchemins… Et aujourd’hui, nous en sommes aux fichiers électroniques qui permettent le soulignement, la prise de notes, la possession d’une bibliothèque de grande qualité sur un support équivalent à un paquet de cigarettes – et surtout l’accession des moins fortunés à la propriété d’œuvres et de chefs-d’œuvre. Les contenus ne font plus défaut ; c’est le désir – la soif – qui manque. Notre civilisation tend à racornir la part du transcendant en chacun — c’est-à-dire de ce qui dépasse les formes.

 L’auteur…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet).  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).