Désobéir pour les animaux

Publié le 05 janvier 2015 par Hirototo

En pondant ce petit billet, je reprends à mon compte le titre d’un minuscule ouvrage d’une cinquantaine de pages paru le 23 octobre dernier aux éditions du Passager Clandestin.

Brièvement évoqué par certains de mes contacts défenseurs de la cause animale, ce machin pondu par un collectif de militants francophones ne pouvait manquer de piquer ma curiosité. Il faut dire que j’éprouve une grande admiration à l’endroit de ceux qui mettent leur énergie, le temps et leur argent au service d’un combat qui reste largement déconsidéré. Quand je surfe sur le net, j’aime effectivement me renseigner sur les dernières actions des anti-corrida, sur les dernières enquêtes de l’association L214 ou sur les dernières échauffourées impliquant les gens de Sea Sheperd. De même, j’ai beaucoup de sympathie pour les coups d’éclat d’A.L.F. . Et bien sûr, je peste et je m’émeus quand je constate à quel point, parfois, la lutte de tous ces gens est ignorée et moquée par les tenants de la chasse, de la tradition, de la gastronomie et de l’élevage, d’ailleurs joyeusement soutenus et protégés par l’immense majorité des politiques.

En somme, j’apprécie les actions militantes et quitte à passer pour un vil extrémiste, j’aimerais vraiment que le visionnage du film Earthlings (“Terriens” dans notre belle langue de viandards) soit rendu obligatoire pour tout le monde. Une heure et demie sans artifices consacrée à la manière dont l’homme exploite toutes les espèces “inférieures” pour se nourrir, s’habiller, se maquiller, expérimenter ou simplement pour le fun. Une heure et demie de violence inouïe, quasi insoutenable, afin de montrer ce qui a lieu dans les fameuses “boîtes noires” qu’évoque Alex Hershaft, fondateur du Farm Animal Reform Movement et survivant du ghetto de Varsovie.

Aussi, si vous vous le sentez. Voici le machin. Faites preuve d’un peu de courage mais sachez qu’une fois cette porte ouverte, on ne revient pas forcément.

Il existe bien entendu des alternatives un peu plus softs, quoique moins généralistes, à l’image de l’excellent documentaire Blackfish, film à charge qui révèle la manière dont fonctionne le géant Seaworld, version américaine de notre magnifique Marineland d’Antibes. Et je pense aussi au chouette Ghosts in our machine (a ce sujet, voir l’article de Peuvent-ils souffrir), un film-doc à l’image somptueuse qui émeut sans être larmoyant et qui montre sans vous jeter des baquets remplis de tripaille à la gueule. Bref, un film tout en sobriété qui met en plus à l’honneur l’extraordinaire travail de la photographe Jo-Anne McArthur.

Néanmoins, pour en revenir au petit ouvrage à l’origine de ce billet, je dois dire qu’il constitue un honnête condensé de ce que le militant se doit de savoir avant de filer sur le terrain. Tiendez, avant de vous donner mon avis, je laisse la parole à l’éditeur.

Résumé

Chaque jour en France, 3 millions d’animaux terrestres sont mis à mort pour leur chair, et bien plus de poissons encore. L’industrie de la viande organise l’enfermement, la mutilation, le gavage et l’abattage à la chaîne d’êtres sensibles. La loi permet de les manger, mais aussi de les traquer dans les bois ou de les torturer dans des arènes.

Pourtant la science et le simple bon sens montrent que les animaux sont des êtres conscients, intelligents, capables de relations complexes et dotés de personnalités singulières.

Face aux intérêts financiers liés à l’exploitation des animaux, il est urgent de désobéir pour faire cesser la domination extrêmement violente que les humains exercent sur les autres animaux et promouvoir ensemble des relations de solidarité, de partage et de respect.

En bref

La première partie de ce petit ouvrage revient, chiffres à l’appui, sur la place qu’occupent les animaux dans nos sociétés. Si la majorité des infos seront déjà connues du militant, ce petit bouquin les condense et rend le tout immédiatement accessible. Eléments relatifs aux dernières découvertes éthologiques, démontage de la notion du « propre de l’homme », réalité de l’exploitation industrielle, retour sur l’absence quasi totale de protection juridique des animaux, et bien sûr, rappel que le premier pas vers la désobéissance pour les animaux, c’est le végétarisme.

La deuxième partie propose un petit retour historique sur la défense de la cause animale, de l’Antiquité au Moyen-Âge jusqu’aux actions plus récentes à l’encontre de la vivisection, de la chasse ou de la corrida. Il est aussi question de la formation de certaines organisations et mouvements, du genre d’ALF et de la PETA.

Enfin, le dernier segment de ce court ouvrage, avant l’indispensable annexe sur les sources de tout ce qui a été avancé précédemment, évoque concrètement les moyens d’agir pour tenter d’améliorer le sort des animaux. L’accent est bien sûr mis sur le pouvoir des images, mais on y parle aussi des avantages et des inconvénients des actions directes, des manifestations. Pas d’incitations concrètes cela dit, chacun peut en retirer ce qu’il veut. Bref, un petit ouvrage intéressant dont le format semble particulièrement bien adapté.