Calvary // De John Michael McDonagh. Avec Brendan Gleeson, Chris O’Dowd et Kelly Reilly.
La religion est quelque chose d’intéressant, encore plus quand on nous plonge au travers de la foi d’un homme dont la vie bascule le jour où on lui annonce qu’on va le tuer, par pure vengeance gratuite. Calvary c’est tout de même un film assez intelligent qui brasse plusieurs thématiques au sein même d’une histoire pourtant très simple. Mais le caractère de Calvary tient en grande partie grâce au talent de Brendan Gleeson (L’Irlandais du même réalisateur) qui illumine ce film du début à la fin. Sa présence se fait rayonnante dans des décors irlandais particulièrement dépaysants. Ce n’est pas souvent que l’on a la chance de voir un film aussi fort en images de petite bourgade de la côte irlandaise. Cela me fait un peu penser à ces films indépendants français qui se déroulent en Bretagne. Il y a de toute façon des similitudes certaines. Sauf que le cinéma français n’est pas ce qu’il y a de plus intéressant dans ce genre de décors-ci. L’oeuvre est ici très différente de ce que j’avais imaginé. Disons que le résumé ne nous dit finalement que très peu de choses sur ce que le film veut réellement être, c’est-à-dire l’introspection de quelqu’un qui est rongé par la solitude malgré toute la générosité dont il tente de faire preuve envers ses pairs.
La vie du père James est brusquement bouleversée par la confession d’un mystérieux membre de sa paroisse, qui menace de le tuer. Alors qu’il s’efforce de continuer à s’occuper de sa fille et d’aider ses paroissiens à résoudre leurs problèmes, le prêtre sent l’étau se refermer inexorablement sur lui, sans savoir s’il aura le courage d’affronter le calvaire très personnel qui l’attend…
On retrouve également quelque chose de très anglais dans Calvary avec cet humour en seconde lecture. C’est d’ailleurs quelque chose que j’ai trouvé d’assez intelligent car l’humour n’est jamais trop présent. C’est de l’humour noir, bien utilisé qui permet aussi aux spectateurs de se détendre face à la horde de problèmes dont peut faire preuve les personnages du film. La relation entre le Père James et sa fille (incarnée par Kelly Reilly - Casse Tête Chinois -) est d’ailleurs toujours l’un des meilleurs moments de Calvary. C’est un véritable moment de légèreté que j’ai apprécié comme il se doit. Le sujet de ce film reste délicat car dès l’ouverture on parle tout de même de quelque chose de tabou au sein même de l’Eglise : la pédophilie. Bien entendu ce n’est pas le père James le responsable mais il va payer le tribu simplement car c’est un homme d’Eglise et que quelqu’un doit payer le prix fort pour ce qui est arrivé à ce paroissien complètement dérouté. La foi abîme autant les gens qu’elle peut les réconforter. C’est probablement ce qu’il y a de plus fort dans Calvary, la façon dont le film propose une critique acerbe de la religion (tout en gardant au fond l’envie d’aborder aussi le côté plus lumineux de la religion et de ses bienfaits).
Mais le film tente de nous dire que finalement la plupart des gens qui sont croyants ont des problèmes avec leur vie (la discussion entre le père James et son apprenti au sujet d’une confession prouve justement le fait que cela semble être toujours comme ça pour eux, les sempiternels problèmes de chacun). Les hommes d’Eglise n’ont pas forcément non plus une vie heureuse. Tout au long de Calvary le film cherche à nous parler de la morosité de la vie du père James, de sa solitude alors qu’il n’est vu que comme celui à qui on peut parler de tous nos problèmes et pas forcément de nos moments de bonheur. John McDonagh nous propose donc une petite critique tout en créant un film à la fois venté (le vent marin que l’on sent se briser sur les visages des personnages tout au long du film) mais aussi intelligent proposant une lecture d’un sujet très délicat. Brendan Gleeson est quant à lui au sommet de sa forme et je crois que c’est tout ce que je pouvais attendre de sa part. On peut cependant regretter que parfois Calvary oscille entre plusieurs thématiques sans trop savoir dans quelle direction aller (polar ? comédie noire ? drame ?).
Note : 6/10. En bref, en allant dans tous les sens le film garde malgré tout une certaine cohérence grâce à son héros, sensationnel.
Date de sortie : 26 novembre 2014