Il court, il court... le tueur de la Bastille !
L'affaire SK1, premier long-métrage de Frédéric Tellier, est un drame policier qui raconte la traque du tueur en série Guy Georges par les forces de l'ordre de 1991 à son arrestation en 1998.
Le(s) plus
Franck Magne (Raphaël Personnaz) et les officiers du 36 Quai des Orfèvres (Olivier Gourmet, Thierry Neuvic...) vont passer 8 ans à traquer le tueur en série Guy Georges. A un tel point, que cette affaire va devenir une véritable obsession. Photos sanglantes et fortes, perquisitions, courses-poursuites dans Paris, scènes de crimes.... Le spectateur n'est pas épargné!
Et cette histoire, basée sur des faits réels, est véritablement passionnante et poignante. Les acteurs sont convaincants sans être exceptionnels. L'histoire "au cœur de l'action", qui suit les événements au fur et à mesure de l'enquête, prend des allures de documentaire, ce qui confère à la réalisation un côté authentique.
En somme, une plongée dans l'univers policier, puis judiciaire, avec le procès où on assiste à l'audition des témoins et de Guy Georges, très bien interprété par Adama Niane.
Le(s) moins
Le rythme de l'histoire est très lent, certains spectateurs peuvent ne pas se laisser embarquer pour cette raison.
D'autre part, bien que les faits soient d'une grande violence physique et psychologique, il n'y a pas vraiment d'émotions, ce qui peut perturber, le sujet traité étant tout de même sensible.
Pour aller plus loin sur l'affaire SK1...
Deux points intéressants peuvent être approfondis :
- Tout d'abord, bien que l'intrigue ne soit pas orientée sur Guy Georges, son portrait psychologique est intriguant et, on le sait, les tueurs en série exercent une fascination morbide. Surnommé le tueur de l'est ou encore le tueur de la Bastille, arrêté en 1998, il a été reconnu coupable de viol et meurtre sur 7 de ses victimes, et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sureté de 22 ans. Abandonné par son père, puis sa mère biologique, ses grands-parents l'ont rejeté par rapport à sa couleur. Plus tard, il sera de nouveau abandonné par sa famille d'accueil (Pour autant, tous les enfants abandonnées ou mal aimés ne deviennent pas des criminels).
Il est également intéressant de soulever qu'il viole de belles jeunes femmes, toutes blanches et jeunes, puis les tuent à l'arme blanche ou par strangulation (pour être au plus près, côté dominateur et puissant). Le couteau étant le prolongement phallique de la masculinité selon la symbolique psy. Il ira même jusqu'à ne pas utiliser de préservatifs dans certains cas, symbole de sa toute puissance et invincibilité à être capturé. Guy Georges est un homme intelligent, froid, dénué d'empathie (comme la plupart des tueurs en série). Il a une grande confiance en lui et, au procès, mettra du temps à être déstabilisé. Il commencera par nier les faits puis, parce qu'un tueur a besoin d'être reconnu pour ses actes, finira par avouer quand sa victime rescapée sera face à lui. Certains y voient du remord, mais pour un tueur, avouer est un véritable orgasme, la reconnaissance de sa supériorité. - Ensuite, on apprend que l'affaire SK1 est ainsi la première affaire ayant utilisé l'ADN pour une comparaison à l'échelle nationale par le juge d'instruction Gilbert Thiel. Suite à cette enquête, Elisabeth Guigou, ministre de la Justice, a fait mettre en place un Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (pour les personnes liées à des affaires de mœurs). Il est en effet assez consternant de constater que Guy Georges aurait pu être arrêté après son 5è meurtre si le recoupement ADN avait été réalisé plus tôt!
Conclusion
Envie de parfaire vos connaissances en criminalité française? Amateurs d'histoires de tueurs en série, de faits divers et de documentaires dans les coulisses des forces de l'ordre, ce film devrait vous plaire!
En revanche, la lenteur du rythme pourra laisser quelques spectateurs sur leur faim...
Ma note: 6/10
L’Affaire SK1
Synopsis : "Paris, 1991. Franck Magne, un jeune inspecteur fait ses premiers pas à la Police Judiciaire, 36 quai des Orfèvres, Brigade Criminelle. Sa première enquête porte sur l’assassinat d’une jeune fille. Son travail l’amène à étudier des dossiers similaires qu’il est le seul à connecter ensemble. Il est vite confronté à la réalité du travail d’enquêteur : le manque de moyens, les longs horaires, la bureaucratie… Pendant 8 ans, obsédé par cette enquête, il traquera ce tueur en série auquel personne ne croit. Au fil d’une décennie, les victimes se multiplient. Les pistes se brouillent. Les meurtres sauvages se rapprochent. Franck Magne traque le monstre qui se dessine pour le stopper. Le policier de la Brigade Criminelle devient l’architecte de l’enquête la plus complexe et la plus vaste qu’ait jamais connu la police judiciaire française. Il va croiser la route de Frédérique Pons, une avocate passionnée, décidée à comprendre le destin de l’homme qui se cache derrière cet assassin sans pitié. Une plongée au cœur de 10 ans d’enquête, au milieu de policiers opiniâtres, de juges déterminés, de policiers scientifiques consciencieux, d’avocats ardents qui, tous, resteront marqués par cette affaire devenue retentissante : « l’affaire Guy Georges, le tueur de l’est parisien »."
Réalisé par: Frédéric Tellier / Avec: Raphaël Personnaz, Nathalie Baye, Olivier Gourmet / Genre: Drame, Policier / Nationalité: Français / Distributeur: SND
Durée: 2h00min / Date de sortie: 7 janvier 2015
Public: Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Plus d'informations !
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Les Anecdotes !
Suite au viol d'une de ses amies, le réalisateur Frédéric Tellier, traumatisé, s'est intéressé à Guy Georges, violeur et tueur en série des années 1990, dont il a suivi l'histoire. C'est après une discussion avec le producteur Julien Madon que le réalisateur, obsédé par cette histoire depuis des années, a décidé de tourner L'Affaire SK1.Avant de se lancer dans l'écriture de son scénario, Frédéric Tellier a fait des recherches documentaires (témoignages, procès-verbaux) durant environ 6 ans. Suite à ces recherches, l'élaboration du scénario lui a encore pris 3 années, durant lesquelles plusieurs interlocuteurs continuaient les recherches.
Le film L'Affaire SK1 s'inspire de la traque du tueur en série Guy Georges, qui sévit pendant les années 1990. Même s'il ne souhaitait pas faire de documentaire, Frédéric Tellier s'est très peu écarté des faits réels, ayant un but de transmission (et non de fiction). Il a élaboré son scénario d'abord seul, en se plaçant du point de vue du policier et de l'avocat, puis avec l'aide de David Oelhoffen et de la journaliste Patricia Tourancheau, qui avaient suivi l'histoire à l'époque. Le vrai policier et Frédérique Pons, l'avocate de Guy Georges, ont donné leur avis sur la version finale du scénario.
La salle d'Assises dans laquelle le procès se déroule dans le film est la véritable salle du procès de Guy Georges. Tourner dans la salle d'origine a permis à l'équipe de ne pas jouer dans le spectaculaire. Comme Frédéric Tellier le dit : "Tout était tellement réel, et pour cause, qu'il était assez évident d'éviter la théâtralisation. Cette grande salle solennelle avec sa cage de verre (seul élément qui n'existait pas à l'époque) pour le prévenu nous a imposé la sincérité."
Dès les débuts de l'écriture du scénario, le nom de Raphaël Personnaz a été évoqué. Le choix des acteurs s'est ensuite fait progressivement. Nathalie Baye a la particularité de beaucoup ressembler physiquement à Frédérique Pons. Un long travail de casting a été effectué pour trouver l'acteur qui interprète Guy Georges. Frédéric Tellier souhaitait quelqu'un d'inconnu ou presque (Adama Niane) pour ne pas "pervertir" le rôle.
Christa Théret, la jeune actrice vue dans LOL, incarne le rôle de la seule rescapée du tueur. Pour ce faire, "Christa est passée par une phase d'"apprivoisement" animal de la situation, du sujet. C'est sa méthode". Autre rôle délicat, celui de Guy Georges, incarné par Adama Niane, pour lequel un grand travail entre le réalisateur et l'acteur a été effectué, afin de trouver la juste interprétation du tueur, sans tomber dans le cliché.
L'histoire se déroulant sur une dizaine d'années, Frédéric Tellier a voulu jouer sur la qualité de l'image pour montrer le temps qui passe. Le réalisateur déclare ainsi : "Je voulais aussi du grain à l'image pour le début de l'histoire, comme avec les pellicules des années 90, et au fur et à mesure que progresse le film, et que le temps avance, le grain s'estompe puisque la HD a petit à petit remplacé la pellicule."
Pour se préparer au rôle, Raphaël Personnaz s'est énormément documenté. Il a ainsi lu de nombreux documents dont le livre qui a inspiré le scénario (de Patricia Tourancheau), les recherches de Frédéric Tellier ainsi que Flic : Chroniques de la police ordinaire (de Bénédicte Desforges). L'acteur a également rencontré à plusieurs reprises le vrai « Charlie », policier qui s'est occupé de l'affaire. Adama Niane a quant à elle lu le livre de Patricia Tourancheau et a regardé l'épisode de Faites entrer l'accusé sur le sujet.
Contrairement au réalisateur et à Raphaël Personnaz, Nathalie Baye a gardé une certaine distance par rapport aux documents d'archives concernant les victimes. L'actrice a en effet trouvé ces archives "proprement insoutenables" et a préféré se fier à sa rencontre avec Frédérique Pons et au personnage du film, bien décrit par Frédéric Tellier.
Le vrai Charlie, qui a mené l'enquête pendant une dizaine d'années, est beaucoup intervenu lors du tournage afin de conseiller Frédéric Tellier sur les décors, le scénario, etc. En ce qui concerne Frédérique Pons, sa relation avec son collègue et avec Guy Georges relevant du secret professionnel, elle a "uniquement" pu donner quelques pistes au réalisateur et à Nathalie Baye.