A Tombouctou, il y a quelque temps, des hommes venus d’autres pays ont voulu imposer leur loi. C’est au Mali et c’est Abderrahmane Sissako qui en fait un film. Je ne veux pas m’arrêter au seul fait que ce sont des djihadistes et qu’ils tentent d’imposer une loi un peu ridicule qui attache de l’importance à l’ourlet d’un pantalon, des règles où il ne s’agit que de faire régner la terreur par des interdits et des punitions à mort. Les occupants ne parlent pas la même langue que les habitants de ce village, pauvres mais fiers ; ils ont besoin de traducteurs pour être entendus. L’histoire de l’humanité déborde de ces occupations de territoires ponctuées de meurtres et d’oppression. Dans ce film, c’est la résistance qui retient l’attention. On ne sait pas bien si cette résistance est réellement efficace, mais elle a de la noblesse et porte tant d’espoir. On joue au foot sans ballon parce que le ballon est interdit, et une jeune femme chante sous les coups de fouets. La violence dans ce film est celle d’une tension qui s’installe. Le couple de touaregs qui vit sous sa tente avec leur fille sera-t-il épargné ? Devraient-ils partir comme leurs voisins ? Chaque départ du père lève l’inquiétude. Jusqu’à ce long plan large extraordinaire où se joue l’irréparable et se noue le destin.