Le rythme de ces courtes histoires est rapide, tout est dit en quelques mots, ce qui m'a donné la sensation d'un tourbillon où l'on entre dans la vie des personnages pour en ressortir le temps d'une respiration.
Véronique Deprêtre joue avec la langue française, usant de styles d'écriture complètement différents d'une nouvelle à l'autre, nous laissant parfois perplexes devant certains récits sans aucune ponctuation et où seules les majuscules permettent de distinguer les phrases. De façon générale, Dérapages me laisse l'impression que l'auteure s'est amusée à brouiller les pistes et à désorienter le lecteur.
Les histoires sont étranges et dérangeantes, elles font réagir et j'ai plus d'une fois été choquée par les propos tenus. Si tel était l'objectif, je pense qu'il est effectivement atteint. S'il était ailleurs, je crains alors d'être passée à côté, n'ayant pu entrer facilement dans l'univers créé, avec un humour que je ne partage pas.
Certaines nouvelles m'ont davantage interpellées, telles que «Open space» où il est question d'une employée qui voudrait aider les gens mais que sa direction pousse à faire du chiffre, quitte à ne consacrer que deux minutes aux personnes dans le besoin. Une courte histoire qui est le triste reflet d'une société où le service public n'a plus de public que le nom.
Ce recueil me laisse donc avec une impression mitigée tant l'idée directrice ne m'a pas parue claire. La quatrième de couverture annonçait un recueil «à pisser de rire» mais cet humour n'a pas réussi à m'atteindre, me laissant surtout avec une impression de malaise. Je remercie néanmoins les Editions Onlit Books pour cette lecture.
Dérapages – Véronique Deprêtre – Onlit Books Editions – 2014