C’est jusqu’au 26 janvier et c’est au musée des Beaux Arts de Dijon: l’exposition « d’un salon à l’autre » de Zhu Hong…A voir vite (mais une fois là-bas, prenez bien votre temps!).
J’avais découvert le travail de cette artiste plasticienne, Zhu Hong, à Talant en 2010. Et déjà j’avais été très intéressée par le regard qu’elle porte sur l’art, par les questions qu’elle pose à son propos, tout en délicatesse, en suggestions, comme à voix basse.
« Dans le musée » (série de l’artiste montrée dans la première salle de cette expo dijonnaise), on voit, peints par Zhu Hong, des morceaux de tableaux ou de cadres, la chaise d’un gardien, une caméra de surveillance, un visage de visiteur devant une oeuvre, un infime détail de peinture, un cartel… Parfois, le mur ou le parquet occupe davantage de place sur la toile que le sujet lui-même! Humour? Peut-être. Mais en tout cas une sacrée vérité sur ce que notre oeil (notre cerveau) peut percevoir et retenir d’une balade au musée!
Ce regard décalé de Zhu Hong pourrait être celui d’un photographe: contreplongée, zoom, coup d’oeil personnel…
C’est un peu notre rapport aux oeuvres d’art anciennes qui est finement analysé ici, sous formes de fragments de souvenirs, d’images balayées, d’attentions détournées et, soudain, d’arrêts sur image….
La palette de l’artiste est extraordinairement pâle et douce, tout en teintes pastel, en couleurs voilées, assourdies… Des beiges rosés, des gris clairs, des blancs bleutés… Dans sa série des mains (« de la main à la main ») les dessins (mains extraites de peintures célèbres, de Dürer à Michel Ange) sont à peine perceptibles. Il faut s’approcher, attendre, laisser venir l’image. Et, comme arrivée des lointains de la mémoire, elle nous parvient enfin. Avec Zhu Hong, on est toujours entre visible et invisible, entre flou et net, entre réel et illusion.
N’oubliez pas de regarder son petit livre d’artiste, au format carte postale: « Villa des délices ». Les dessins précis sur papier calque viennent s’appliquer sur des taches d’encre diluée, donnant l’impression qu’ils se délitent, s’effacent peu à peu, s’évanouissent.
Je pourrais encore parler de sa façon d’organiser son exposition: petits formats disposés comme les fragments d’un puzzle, longue toile étroite posée au sol et appuyée au mur (comme avant un accrochage), série de petits cadres, impressions numériques collées au mur pour recréer l’image d’un salon XVIIIème (salon Gaulin), tableaux sur le thème de la fenêtre cachés dans une petite salle où l’on pénètre après avoir poussé un rideau blanc etc.
Je pourrais encore parler de ce travail d’artiste contemporaine fin, précis, documenté, recherché, élégant, signifiant…
Cliquer sur les visuels (« Dans le musée » et extrait de « le Salon ») pour agrandir, en deux fois