La fin d'année est
traditionnellement l'occasion de jeter un petit coup d'œil en arrière, histoire
de se demander si globalement elle a été aussi bonne qu'on a pu le souhaiter 12
mois auparavant.
Autant dire qu’avec cette année 2014, un petit coup d’œil jeté sans
préparation psychologique, risque de provoquer un gros traumatisme.
C’est bien simple, pour notre vie collective cette année n’a été ponctuée
que de désagréments qui mis bout à bout forment une informe et impressionnante
succession de merdouilles désespérantes.
Sur le plan économique, on peut parler d’une véritable Bérézina. Croissance
quasi nulle, chômage toujours à la hausse, le cap des 2 000 milliards d’euros
de dette a été allégrement franchi, le déficit est très loin des 3 % annoncés,
la notation de la France dégradée et le Gouvernement qui ne semble compter que
sur le Pacte de compétitivité et la baisse du prix du pétrole pour remonter la
pente !
Sur le plan politique le désastre est presque pire car je ne vois pas
l’ombre d’une satisfaction, même minime. Il faut dire que tout le monde y a mis
du sien.
A commencer par Hollande et son gouvernement, pour lesquels l'année 2014
constituait pourtant la dernière chance pour espérer sauver un quinquennat fort
mal engagé.
Or, alors qu’on s’attendait à des actes forts et rapides, l’annus 2014 fut
quasi blancus.
On même assisté à de très belles reculades dont la plus fameuse mais
également la plus couteuse (839 millions d’euros minimum) fut sans conteste
l'abandon de l'Ecotaxe. Ce furent également le dégonflement comme une mauvaise
baudruche de la mise à bas du mille-feuille territorial, un Pacte de
responsabilité pourtant annoncé fin 2013 et dont personne n’a encore vu la
couleur, rien du coté de la réforme de l’Etat ou du marché du travail et les
gesticulations de l’inénarrable Montebourg fort heureusement viré en cours
d’année. En résumé, encore un an de perdu !
Du coté du PS, l’annus fut noirus. Après des élections européennes et
municipales désastreuses, les socialistes tournent en rond dans un navire qui
coule mais sans réussir à en trouver la bonne sortie.
Il y a les désabusés résignés qui croisent les doigts pour faire partie des
rares survivants des prochaines élections, et ceux qui comme Montebourg, Hamon,
Filippetti ou Aubry tentent de fuir le navire en perçant un trou supplémentaire
dans la coque.
Pour l’UMP, l’annus 2014 fut particulièrement desastrus.
Les enregistrements de Buisson et l’affaire Bygmalion ont contribué à abimer
encore un peu plus une image déjà bien esquintée par le conflit Coppé-Fillon et
la mascarade d’élection de son ex président.
Au-delà de ça, les luttes personnelles ont pris le pas sur la définition
d’un projet alternatif et tout ce qu’ils ont pu trouver c’est de rappeler un
Sarkozy déguisé en sauveur de la France. Espérons au moins qu’ils n’en feront
pas leur candidat à la future présidentielle parce qu’ils seraient capable de
faire gagner Hollande une deuxième fois. Le seul point positif que l’on
pourrait retenir, c’est l’éviction manu militari mais tardive de Jean-François
Coppé.
Quand à l’UDI, il a changé de Président dans l’indifférence générale et dans
des conditions peu glorieuses, preuve, s’il en fallait, que ce parti n’est plus
perçu comme une force politique crédible.2014 annus minabulus pour
l'UDI
A l’inverse, du coté du FN, l’annus fut fastus. Avec une belle réussite aux
européennes et dans une moindre mesure, mode de scrutin oblige, aux
municipales, le FN confirme sa montée en puissance. Il faut dire qu’il n’a qu’à
se baisser pour ramasser les déçus de tous bords.
Si on devait faire le bilan de 2014 d’un point de vue politique, il
suffirait de constater que plus personne ne doute que Marine Le Pen sera au
second tour de la présidentielle de 2017 et que la seule incertitude porte sur
le candidat UMP qu’elle aura en face d’elle avec un gros risque de se retrouver
à devoir choisir entre Le Pen et Sarkozy. Triste bilan !
Mais au delà de ça, qui est déjà parfaitement déprimant, 2014 a été
l’occasion de révéler les tensions de plus en plus fortes dans notre société.
Tensions entre les Français et leur Président au point que beaucoup en conteste
la légitimité. Tensions entre les partis d’opposition et la majorité au point
que plus aucun compromis n’est possible. Tensions entre une France
conservatrice de plus en plus psychorigide qui s’arcboute sur ses principes et
ceux qui se qualifient à tort ou à raison de progressiste. Tensions réelle ou
supposée entre les Juifs de plus en plus nombreux à partir en Israël, et ceux
qui se servent du conflit Israélo-palestinien pour renouer avec un
antisémitisme intolérable. Tensions entre les musulmans et les Français
« pure souche ». Tensions entre les thuriféraires de la France pure et
blanche de nos ancêtres et les mondialistes naïfs. Tensions entre les tenants
d'une politique de la demande d'autant plus généreuse qu'elle est financée par
l'emprunt et les tenants d'une politique de l'offre dont ils sont incapables de
maitriser l'efficacité. Tensions entre les nationalistes étroits et les
pro-européens idéalistes.Tensions, enfin, entre les déclinistes chagrins et les
optimistes béats.
On pourrait rajouter dans l'escarcelle de 2014 le succès du pitoyable
bouquin de Trierweiller qui marque l’abolition définitive de la frontière entre
vie privée et vie publique au nom du dogme de la transparence devenue synonyme
de voyeurisme malsain. Ou encore la confirmation tout aussi définitive que le
secret de l’instruction n’est plus qu’une fable.
Inutile de rajouter après cette triste litanie que 2014 fut une année à
oublier bien vite.
On peut se dire qu'après une telle année, 2015 ne peut que mieux se
passer.
Eh bien, rien n'est moins sur !
Sur le plan politique, il n'y aucune raison que la situation change, et les
élections à venir ne devraient, hélas, que confirmer celles de 2014.
D'autant plus que sur le plan économique, aucun résultat significatif ne
pourra être mis au crédit de nos gouvernants. Tout simplement parce que les
quelques mesures annoncées ou adoptées en 2014, ne feront sentir leurs effets,
de toute façons insuffisants, que bien plus tard.
Certes, pour être honnête, il faut quand même évoquer trois bonnes raisons
d'être un peu plus optimiste que l'année dernière à la même date: les taux
d’intérêt qui restent historiquement bas, la baisse de l’Euro vis-à-vis du
Dollar et la baisse du cours du brut. On remarquera que ces trois motifs de
satisfaction sont parfaitement exogènes et en conséquence non maitrisables. Il
ne reste donc plus, dans un bel élan collectif, qu'à croiser les doigts,
tripoter son gri-gri, sa patte de lapin ou son fer à cheval, prier son Dieu ou
sa déesse selon ses préférences pour que tout ce petit monde ne reparte pas
gaillardement à la hausse.
Mais ne soyons pas défaitistes, c'est le meilleur moyen pour n'arriver à
rien. Si l'année 2015 nous permet de nous mettre collectivement d'accord sur
les objectifs à atteindre et sur l'idée qu'ils ne pourront l'être que si tout
le monde avance dans le même sens, il reste un petit espoir. Au rebut les
sectarismes de tout poils, c'est en tout cas mon vœu pour cette nouvelle
année.
En attendant de vérifier tout ça, Humeurs de Vaches vous souhaite quand même une excellente année 2015, qu'elle soit pleine d'actualités passionnantes à commenter dans la joie et la bonne humeur tant qu'à faire.