Ces chercheurs viennent d’expliquer et de modéliser ces saccades de conduite jusque-là inexplicables, en analysant les données de plus de 1.000 heures réelles de conduite de voiture et de camion comportant, au total, 1,3 millions de ces petites corrections de direction. La modélisation qu’ils ont développée à l’issue de cette analyse correspond à 95% des données analysées. « Avec ce modèle de » pilotage « , nous sommes capables de prédire ce que le conducteur va faire -avec le volant- avant même qu’il le fasse. Il est possible de prédire dans quelle mesure le pilote va faire tourner ses roues et le moment exact où cette rotation va commencer « .
Cette capacité de prédire ce que le conducteur va faire dans un proche avenir pourrait permettre d’optimiser le système de direction de la voiture et donc la sécurité du véhicule. L’idée est de développer un nouveau système d’assistance au conducteur –car il en existe déjà-, lorsqu’il est fatigué par exemple, ou en cas de risque de dérapage: » Imaginez un conducteur fatigué sur le point de sortir de la route. Il se réveille soudainement et lance par réflexe une manœuvre corrective, mais commet une erreur de jugement qui peut provoquer un accident. Avec ce modèle, nous sommes en mesure de prédire la manœuvre du conducteur, rectifier son erreur d’appréciation éventuelle et éviter l’accident grave « .
Un mystère enfin résolu : En 1947, un chercheur britannique avait développé un premier modèle selon lequel un individu s’oriente vers une cible. Ce modèle décrivait un comportement de contrôle continu et linéaire. Cependant, ce modèle linéaire comparé avec les données réelles mesurées, » ne tient pas la route « . Des écarts se produisent, dans le contrôle de la direction.
Les chercheurs sont donc repartis du comportement humain qui consiste à déplacer sa main d’un point A pour aller ramasser quelque chose en B. Dans cette situation, la vitesse du mouvement est en relation directe avec la distance et plus la distance est importante, plus le mouvement sera rapide. Mais le point intéressant, écrivent les chercheurs est que la durée du mouvement lui-même reste approximativement la même indépendamment de la distance à parcourir.
Or cette tendance est également perceptible dans l’analyse des données réelles. En conclusion cette caractéristique fondamentale d’un comportement humain inné intervient également dans la façon dont nous conduisons une voiture. C’est un des principes de base du modèle développé.
Alors que pouvoir modéliser le comportement humain est un préalable au contrôle et à la sécurité des systèmes, cette découverte va permettre, expliquent les auteurs, d’apporter des améliorations aux systèmes de sécurité dans les voitures permettant de corriger les erreurs de conduite avant qu’elles ne surviennent.
Sources:
Human Factors and Ergonomics Society Annual Meeting Proceedings 2014