Le but avoué de cet ouvrage est mentionné dès les premières pages :
« Développer une réflexion de type universitaire mais accessible aux non-initiés, critique et non confessionnelle, sur ce que ces trois religions partagent et sur ce qui les différencie, voire les oppose. »
Il se divise en quatre parties foisonnantes d’informations :
- « La révélation » : a pour objet les textes fondateurs des trois monothéismes et revient sur l’histoire de leurs rédactions respectives et les questionnements qui en découlent. Le rapport des croyants à ces textes y est également abordé, ainsi que le rapport à la loi très différent selon chaque confession. Cette partie traite aussi de la constitution et du maintien au cours de l’histoire des différentes communautés, prosélytes ou pas, disposant ou non d’appuis politiques, etc.
- « Quel Dieu pour quelle humanité ? » : cette seconde partie retrace l’histoire du passage du polythéisme dominant au monothéisme. La question de l’unicité de Dieu est comprise différemment selon que l’on est musulman, chrétien ou juif. Elle aborde également les différents rites rythmant la vie d’un homme : naissance, baptême, mariage, rituel mortuaire, etc. Ces rites sont nombreux et variables, et témoignent d’une vision de l’humanité propre à chaque monothéisme. La femme n’est pas oubliée puisqu’un chapitre entier lui est dédié.
- « Quand croire, c’est agir » fait le point sur les pratiques des croyants, notamment alimentaires, le rapport à la prière, aux saints, et en général à la manière avec laquelle l’individu s’approprie sa religion.
- « Le rapport au monde », la dernière partie, est l’une des plus intéressantes à mes yeux puisqu’elle aborde l’inter-religieux, le rapport à l’autre, le semblable mais aussi l’étranger. Elle questionne aussi le rapport à l’espace, la terre sainte, et le rapport au temps et à l’éternité.
Étant donné l’amplitude des sujets traités, cette synthèse fait preuve d’une incroyable cohérence. Chaque chapitre reprend les fondamentaux de la thématique envisagée et les développent jusqu’à exposer des exemples extrêmement pointus, sur les pratiques alimentaires notamment. L’ensemble est extrêmement dense. J’ai fait le choix de lire cette synthèse du début jusqu’à la fin, au risque d’être noyée sous la masse d’informations… et c’est un peu ce qui s’est produit.
Toutefois, cette lecture m’a permis d’acquérir une vision d’ensemble des trois monothéismes sans risquer la caricature. Elle met en évidence la complexité et la multitude de nuances possibles entre les religions mais aussi au sein d’un même courant. Surtout j’ai pu constater à quel point rien n’est figé. Les religions évoluent considérablement au cours du temps, et s’influencent réciproquement en permanence et depuis toujours.
Petit plaisir personnel, j’ai eu la surprise aussi de découvrir que certains chapitres lus avec beaucoup d’attention et d’intérêt avait finalement été écrits par des professeurs que j’ai croisé sur les bancs de l’université il y a quelques années.
Cet ouvrage m’aide à prendre conscience de ce qui m’intéresse le plus sur ces questions religieuses. A priori, je prête plus d’attention à la sociologie qu’à l’histoire, aux individus qu’au masse, et à la manière dont l’individu s’approprie sa religion (ou celle du voisin) qu’aux rites et autres dogmes établis par une entité supérieure, qu’elle soit divine ou institutionnelle. Dieu, une enquête constitue une référence récente à destination des universitaires de tout bord, permettant de faire le point sur telle ou telle question religieuse et offrant de nombreuses pistes bibliographiques pour approfondir d’avantage le sujet souhaité.
Après une telle lecture, je vais faire une pause de quelques semaines sur les sciences religieuses, et je m’y remettrai le moment venu, avec une vision , je l’espère, plus large et à la fois plus précise sur ces thématiques.
Je conseille cette lecture à tous les passionnés des religions, habitués aux écrits universitaires, et surtout persévérants dans leurs lectures ; ainsi qu’aux étudiants et chercheurs, pas nécessairement spécialistes des religions, dont les recherches abordent indirectement les questions religieuses.
Pour les curieux qui souhaiteraient une lecture plus abordable, voici ma référence fétiche en la matière : Religions : les mots pour en parler de François Bœspflug, Thierry Legrand et Anne-Laure Zwilling.