SHOW MAN
Pacco, auteur et blogueur, s’improvise humoriste en plein one man show le temps d’une BD. Procédé original lui permettant de parler du thème prisé des relations de couples. Pacco illustre donc chacun de ses propos par une scène dessinée.
Un exercice novateur qui donne lieu à un monologue complètement macho. L’auteur se pense bourré d’humour et pour être sûr qu’on partage son opinion, il va même jusqu’à dessiner son public en train de rire. Manque de bol, cela ne garantie pas que ses « vérités » fassent rire tous les lecteurs qui auront l’ouvrage entre les mains. Son côté « homme des cavernes » jusqu’au bout des ongles aura tendance à taper sur les nerfs et à laisser sceptique. Surtout, si il se veut le porte parole de la gente masculine concernant les rapports entre les deux sexes.
Son but ici est, à l’image des Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus, de donner ses clefs pour enfin réussir sa vie de couple. Le problème reste qu’il tire ici un portrait très caricatural, du coup, pas évident de s’identifier. Pacco explique que la femme est toujours en quête du prince charmant tandis que l’homme ne pense qu’à baiser. Les situations sont certes parfois cocasses, mais manquent d’originalité et frôlent parfois le vulgaire.
L’auteur se la joue démago et multiplie certains clichés. Du coup, ce one man show a peu de chance de séduire un public réel. Le trait de crayon est agréable et ne manque pas de rappeler celui de sa comparse (et partenaire dans la vie), Margaux Motin avec laquelle il a écrit Twinz. Malgré une idée intéressante et originale, il ne reste qu’un arrière-goût quelque peu amer une fois la BD refermée pour de bon.
L’HOMME N’EST PAS UN ANIMAL ROMANTIQUE
Dans un autre style, plus classique et poétique, François Bégaudeau, palme d’or au Festival de Cannes pour Entre les murs, revient à son premier amour : l’écriture. En s’associant à Delcourt, il s’essaye à la bande dessinée pour ce Mâle occidental contemporain. Il propose au lecteur de suivre Thomas, un homme qui se cherche en cherchant l’amour.
L’auteur établit alors un jeu entre les bulles représentant les paroles du séducteur et celles représentant les pensées internes de Thomas. Ce qui permet au gré de ses pérégrinations de lui faire prendre conscience de l’évolution des mœurs et de la société. Comme le fait que les femmes sont souvent plus libérées que lui. La vision de l’amour et plus spécialement de la recherche du grand amour en prend un sérieux coup. Tout le monde en a pour son grade : la fille qui couche avec ses voisins ou encore l’adepte du triolisme… peignant ainsi un portrait sans tabou (ou presque) d’une société qui a belle et bien évolué. Cette bande dessinée est un régal et ne fait preuve ni de faux semblant ou de vulgarité. Le point de vu de Bégaudeau est mis en valeur par les dessins légèrement caricaturaux de Clément Oubrerie (Pablo / Aya de Yopougon). Une comédie sociale qui permet à Bégaudeau de transformer cet essai haut la main.
VISIONS DE FEMMES
Après le point de vue de deux hommes, il était de bon ton de donner la parole à une femme. Quoi que… Pas sûre que la femme soit toujours son meilleur porte-parole. Mais bon, vu que la BD « girly » n’arrête pas de faire des petits, autant en profiter.
Dans la lignée de Margaux Motin, on a Diglee qui présente ici son Forever Bitch. Ce recueil d’anecdotes consiste à parodier des situations inspirées par ses amies. Ses tranches de vies d’un groupe de trentenaires, bobos et égocentriques, oscillant entre enchaîner les plans cul ou se caser, arriveraient-elles à leurs limites ? Si les personnages peuvent être assez attachants, ils sont aussi souvent à la limite du mauvais goût.
La plupart des gags sont donc vulgaires [ndlr : décidément !]. A croire que la grossièreté est une finalité pour les nanas trentenaires de nos jours. On arrive donc à une accumulation de clichés sur les couples, les femmes, les gays… Le tout essayant de dissimuler le manque d’humour de l’ensemble des sketchs. Au niveau du dessin, les amateurs du blog de Diglee retrouveront sans surprises son trait simpliste et en rondeur. Forever Bitch lance la course au trash comme pour essayer de prouver que Diglee n’est pas Motin ou Bagieu et qu’elle peut aller beaucoup plus loin que ces comparses, même le macho Pacco. Manque de bol, être trash n’est pas la solution pour faire un bon album.
Forever Bitch de Diglee
Ed. Delcourt / Collection Tapas / Déjà disponible en librairies
Mâle occidental contemporain de François Bégaudeau (texte) et Clément Oubrerie (illustrations)
Ed. Delcourt/Mirages / Déjà disponible en librairies
Pacco fait son show de Pacco
Ed. Delcourt / Collection Tapas / Déjà disponible en librairies