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Chronique de Milan, par Clémence Tombereau…

Publié le 02 janvier 2015 par Chatquilouche @chatquilouche
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Photo : AL

Au bout de la petite île, de grands oiseaux montent la garde sur différents poteaux. Noirs, le bec et le cou très longs, ils semblent regarder le vide et y chercher quelque salut. Leur immobilité leur confère la grâce des statues et leur silhouette élégante charme le regard. Qu’il est bon de se retrouver dans la nature, éloigné des hommes, de leur bruit impossible, de leurs rêves démesurés et de leur propension à coloniser le monde en étant intimement persuadés que cela est la meilleure des choses. Tu te rêves chat, oiseau ou canard, satisfaisant des bonheurs essentiels, ne cherchant rien d’autre que la vie, pure et dure, plutôt que cet ersatz d’existence que l’homme croit mener. On ne sait pas vraiment, après tout, si les canards, les oiseaux et les chats sont dénués de réflexion. Peut-être philosophent-ils, du haut de leur perchoir, peut-être creusent-ils le monde, l’air de rien, l’air sauvage, pour en trouver la moelle et l’analyser sous toutes ses coutures, avant de la mâcher, la digérer, la comprendre pour en sortir une pensée sublime, profonde et folle comme celle de ton ami de papier pouvait l’être. Tu repenses à la volonté de puissance, cette impétueuse force qui, sans réfléchir, se glisse dans le costume étrange de la vie sur terre, l’ajuste à sa taille et n’est là que pour une chose : vivre, seulement vivre, c’est-à-dire, quelque part, battre la mort, l’écraser d’un pied lourd jusqu’à ce que, fatalement, cette dernière trouve la force de se relever et d’anéantir l’être.

Pris par une soif de liberté, ou par une faim de poisson, un des oiseaux prend soudain son envol, majestueux, jusqu’au bout de son immense envergure, giflant lentement de ses lourdes ailes l’air gonflé d’humidité. Il est si proche de toi que tu entends le souffle lourd de son vol et tu donnerais bien quelques années de ta vie pour le suivre, voler, plonger et donner à l’air une belle leçon d’humilité.

Notice biographique

Clémence Tombereau est née à Nîmes et vit actuellement à Milan.  Elle a publié deux recueils, Fragments et Poèmes, Mignardises et Aphorismes aux éditions numériques québécoises Le chat qui louche, ainsi que plusieurs textes dans la revue littéraire Rouge 

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Déclic (numéro 2 et numéro 4) et un essai (Esthétique du rire et utopie amoureuse dans Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier) aux Éditions Universitaires Européennes.  Récemment, elle a publié Débandade(roman) aux Éditions Philippe Rey.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


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