La première ZAD, Zone à Défendre, de la Région est implantée à Echillais, près de Rochefort- PhotoRA
Echillais se souviendra sans doute longtemps de son réveillon, cru 2014. « Pas de foie gras, pas de homard cette année, mais un repas sympa au coin du feu », plaisante Damien, 22 ans, l’un des zadistes de la première heure. Les tentes sont montées, les bottes de paille s’empilent grâce à l’aide de certains agriculteurs locaux, le café coule à flot pour réchauffer les cœurs. C’est un véritable petit village qui prend vie depuis le débarquement nocturne, au petit matin du 31 décembre.La date est tout sauf anodine. Vincent Barraud, le Maire d’Etaules et Président du SIL, Syndicat Intercommunautaire du Littoral qui porte le contesté projet d’incinérateur, avait prévu de signer ce jour-ci l’ordre de service autorisant le lancement des travaux. Un chantier monstre à 80 millions d’euros pour construire l’équipement censé traiter à l’avenir les poubelles grises de 200 000 habitants de Charente-Maritime, de Rochefort à Royan en passant par Marennes-Oléron et Gémozac. Il n’est visiblement pas prêt de démarrer.Un assaut plutôt discret C’est par mail que les zadistes ont frappé. Un message adressé à l’aube à la presse annonçant l’arrivée, deux heures plus tôt, d’une dizaine de manifestants venus principalement de la Rochelle. Des chômeurs, des travailleurs, des étudiants et même un chef d’entreprise. Tous âgés d’une vingtaine d’années, armés de bonnets et de gants pour lutter contre le froid glacial, motivés comme jamais à l’idée de faire plier le SIL et le constructeur de l’incinérateur, le groupe Vinci. « Si il faut tenir plusieurs années, on le fera. On est prêt », lance Guillaume, élevé au rang de porte-parole de la troupe. Le jeune homme, 22 ans, a tout organisé dans le secret le plus total, pour éviter d’être reçu avec le fusil dans cette contrée où le projet d’incinérateur divise.Maintenant qu’ils sont installés, les zadistes ne « lèveront le camp » qu’à une seule condition : que le SIL revoie sa copie et propose des solutions alternatives à l’incinération des déchets. Sur le papier, les deux camps ne sont pas faits pour s’entendre. Loin de là. Mais la réalité de la situation pourrait conduire, à terme, chaque partie à faire un pas vers l’autre. Car même au sein du SIL, le projet compte son lot d’opposants.Un campement pacifique« On est là pour défendre des arbres, pas pour combattre à la Spartacus. Nous ne voulons pas avoir cette image de casseurs. » Les zadistes chassent d’entrée le spectre des événements de Sivens et assurent ne pas avoir l’intention d’user de force pour se faire entendre. Mais plutôt de subtilité. Camille, 19 ans, en connaît un rayon en la matière.Arrivé tout droit de Notre-Dame-des-Landes, le jeune manifestant a une stratégie bien huilée pour mettre des bâtons dans les roues du SIL. Il va installer une boite aux lettres et se faire domicilier sur la Zone : « La procédure d’expulsion sera suivie de recours devant les tribunaux. Cela permettra de retarder le projet et d’aboutir à son annulation ou, en tout cas, à une grosse modification. » Le bras de fer est engagé. Qui aura les nerfs les plus solides ? La réponse est repoussée sine die.Publié par : Romain Asselinjanvier 2, 2015http://www.royan-actu.com/le-site-du-futur-incinerateur-fait-son-entree-sur-la-carte-des-zad-12442