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aventure amoureuse dans le TGV Toulouse-Paris

Publié le 02 janvier 2015 par Dubruel

d'après CE COCHON DE MORIN de Maupassant

La scène se passe dans un compartiment de train de nuit.

Morin est assis en face d’une femme jeune et jolie.

Le jour se lève.

Elle s’éveilla et sourit

En le regardant.

Morin tressaillit :

’’ Elle a un air engageant.

C’est une invitation discrète.’’

Il songeait en fait :

’’Es-tu bête

D’être resté en tête à tête,

Sans rien avoir tenté depuis hier soir ! ‘’

Dans sa mémoire,

Il chercha le compliment

Adapté à son sentiment

Mais il ne le trouva pas.

Saisi d’audace, il décida :

’’Je risque tout !’’

Et il l’embrassa sur la joue.

Elle se mit à hurler.

Le contrôleur est arrivé.

-« Ce type a tenté de me violer ! »

Morin fut arrêté.

Et plainte fut déposée

Pour outrage aux bonnes mœurs.

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À l’époque, j’étais

L’un des enquêteurs

Du quotidien Bordeaux-soir,

Et, presque tous les soirs,

Je rencontrais

Mon camarade Morin au café.

Il savait

Que je connaissais

La famille

De la jeune fille,

De riches vignerons

Des environs.

Il me conta son affaire.

Et ne savait que faire.

Je ne lui cachai pas mon opinion :

« Tu es un cochon ! »

Le pauvre diable me demanda, avec émoi :

-« Peux-tu intervenir pour suspendre

Les poursuites contre moi. »

Il me ressassait :

-« Certes, j’ai voulu la prendre

Mais je ne l’ai même pas enlacée. »

-« C’est égal, tu es un cochon. »

Il glissa un billet

Dans la poche de mon veston.

Une heure après,

Avec mon ami Fréval,

L’éditorialiste du journal,

Nous sonnions à la porte du plaignant.

Vint ouvrir une femme jeune et belle.

Assurément,

C’était elle.

Je dis tout bas à mon copain :

-« Sacrebleu, je comprends Morin ! »

Par un heureux hasard,

Le viticulteur

Fidèle lecteur

De Bordeaux-soir.

Se montra enchanté

De recevoir

Deux journalistes de ce canard.

À l’oreille, Fréval m’a glissé :

-« Je crois qu’on va arranger

L’affaire de ce cochon de Morin. »

-« Pas sûr. On ne pourra jamais faire passer

Un tel scandale dans un train

Pour une banale scène de baisers. »

Prévoyant une longue négociation,

Le brave vigneron

Nous invita à diner.

À minuit, n’ayant pas encore trouvé

Un bon arrangement,

Il nous offrit l’hébergement.

Le lendemain, il nous fit visiter

Ses vignes et sa propriété.

Fréval et lui se mirent à parler

Récoltes, œnologie, politique

Et du prochain concours hippique.

Quant à moi, je me plaçais à côté

De la jeune beauté :

-« Songez à vos ennuis, mademoiselle ;

Vous allez en avoir à la pelle.

Quand vous allez comparaitre,

Il vous faudra avouer

Devant tout le monde qu’un être

Vous a agressé sexuellement

Dans un compartiment,

Que vous n’avez pu rembarrer

Le malotru, le garnement. »

-« Vous avez raison.

Mais j’ai eu peur

Que ce polisson

Ne fût un profiteur. »

-« Et si je vous embrassais,

Que feriez-vous ? »

Elle me dévisageait :

-« Oh, vous,

C’est différent. »

-« Pourquoi ça ? »

-« Vous n’êtes pas aussi bêta ! »

Puis en me regardant

Par en-dessous, elle ajoutait :

-« Vous n’êtes point aussi laid. »

Je lui plantai alors un long baiser

Et lui disait :

-« J’aimerais bien être jugé

Pour la même raison

Que Morin, ce gros cochon. »

Puis je l’enlaçais

Et lui jetais

Des baisers voraces

Partout où je trouvais de la place.

Sa main rencontra la mienne.

Mes lèvres trouvèrent les siennes.

Je réussissais où avait échoué Morin.

Avec humour, Fréval me dit :

-« Est-ce ainsi,

Que tu répares l’affaire Morin ? »

Le lendemain, j’annonçais à ce dernier

Que la plainte était retirée

Par le vigneron :

-« Ton affaire est arrangée, mon cochon ! »


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