J’ai beaucoup entendu parler de ce livre, sur et en dehors de la toile. Lorsqu’il a fallu que je choisisse un livre audio pour le trajet vers la famille (les fêtes, tout ça…), je me suis dit que c’était l’occasion. Et je ne regrette pas mon choix. Ce n’est pas tant l’histoire qui m’a plu dans ce livre: il s’agit somme toute d’une banale histoire d’amour naissante entre une jeune femme un peu désespérée sentimentalement et son nouveau voisin. Tout tient dans le ton abordé et dans la galerie de personnages, à commencer par Julie. Pas de sentimentalisme excessif, pas de mièvrerie, mais de subtiles petites vérités sur ce que c’est que d’être une femme moderne, adulte et célibataire, sur la pression des apparences et de l’entourage, qu’il vaut mieux prendre avec folie et avec dérision comme nous le suggère l’auteur. Julie, c’est celle qui insulte silencieusement celui qu’elle convoite car il ne l’a pas encore emmenée chez lui avec ou sans vêtements, et qui reste calme et avenante à voix haute tout en se demandant quelle folie elle pourrait faire pour qu’il comprenne quelle fille géniale elle est. Le décalage entre ce qu’elle pense et ce qu’elle dit est juste un délice. On croisera aussi ces personnages touchants du quotidien comme la vieille voisine qui remonte péniblement ses courses, la boulangère experte en manigances économiques ou la belle collègue banquière qui sait faire des folies de son corps le week-end et être impeccable le lundi matin au guichet.
Vous l’aurez compris, ce qui empêche ce livre d’être banal et qui en fait un gros moment de détente bien barré, c’est son ton décalé assumé. Car Julie, c’est aussi celle qui coordonne un commando de démontage des palissadess du jardin public ou une infiltration dans une usine de luxe comme si elle faisait ça tous les week-end, normal. C’est celle qui imagine des feux d’artifice à la moindre bonne nouvelle, son propre enterrement dès que quelque chose va de travers, ou qui illustre ses débats intérieurs par un combat à main nue entre l’avocat et le procureur. Pour ne rien arranger, elle s’entoure d’amis qui construisent dans la cour de leur immeuble une voiture blindée du futur, qui se lancent dans des filatures avec des bonnets péruviens en guise de déguisement ou qui assomment à coup de planche les invités d’un mariage qu’ils prennent pour des vampires. Mention spéciale pour le fiancé pompier australien à qui on fait dire que les Français manient bien leur grosse lance à incendie… On ne s’ennuie jamais, on attend juste à quel moment tout ça va encore foirer ou quelle bonne idée ils vont encore trouver, tout en les trouvant adorables dans leur optimisme et leur humanité.
Encore une fois, je dois saluer la très belle qualité des éditions Audiolib et la superbe lecture d’Ingrid Donnadieu. C’est pétillant, vif, et elle prend soin de nous donner à entendre toutes les voix des personnages, jusque dans les accents improbables qu’ils empruntent pour accomplir leurs plans foireux. On l’entend sourire, sangloter ou s’énerver en lisant et c’est un réel bonheur de la suivre sur tous les terrains émotionnels où ce livre nous entraîne. Chapeau!
La note de Mélu:
Limite, j’aurais bien aimé une suite. Mais ça m’a envie de lire les autres romans de l’auteur.
Un mot sur l’auteur: Gilles Legardinier (né en 1965) est un auteur français qui a commencé par le monde du cinéma, puis par le thriller, avant de connaître un énorme succès avec ses comédies romantiques.