La dernière nouvelle rubrique née du blog. Je l'ai intitulée "Les disparus". Nos Anciens ont eu des privilèges que nous n'aurons jamais. Même si le tourisme s'est démocratisé, qu'on voyage plus et qu'on visite plus que nos parents et nos grands parents, il y a des choses qui nous sont à jamais inaccessibles: des oeuvres qui pour maintes raisons se sont évaporées dans l'espace temporel. Ces oeuvres, je les exhume le temps d'un article afin de vous mettre dans la peau d'un ancien voyageur, celui qu'on envie mais contre qui on ne peut rien faire car aujourd'hui il n'est que poussière ... comme ces monuments. De la construction à la destruction, je vous raconte tout.
Le disparu du jour:
LES TOURS JUMELLES
Un duel entre puissance et fragilité
Pour qui?
Il s'agissait en fait de stimuler un quartier. La décision de construire un nouveau centre d'affaires est prise en 1958, soit 13 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale de laquelle les Etats-Unis sont ressortis les grands vainqueurs. Ils en profitent pour construire des projets pharaoniques afin d'inscrire un peu plus leur puissance. Ceci passe par la construction de CBD et leurs grattes ciel qui vont avec. De plus, alors que le Midtown Manhattan prospérait et concentrait la majeure partie des activités, le Lower Manhattan lui ne cessait de perdre de l'attrait au fur et à mesure. C'est pour le remettre en valeur qu'il fut décidé d'y implanter un centre commercial, en anglais World Trade center.
Par qui?
Ici, ce ne sont pas tant les architectes qui sont importants même si c'est eux qui font la majeure partie du boulot. Il faut se pencher sur son commanditaire et celui qui l'a finance. Il s'agit de David Rockfeller, né en 1915 et toujours en vie. Il est un magnat des affaires aux Etats Unis. Ce milliardaire, vous le connaissez surement avec son Rockfeller center. Pour le World Trace center et ses tours jumelles, il a une fois de plus allongé les billets avec une facilité déconcertante. C'est aussi ça l'Amérique, un capitalisme décomplexé et franchement voire fièrement assumé.
Papi Rockfeller fait du commerce sa puissance
Pourquoi étaient-elles si exceptionnelles?
Après leur construction, ces deux tours vont très vite devenir le symbole de New York. Ce qui peut paraître paradoxal, c'est que dans les années 1970, le plan marche mal et les tours ont du mal à attirer les entreprises à s'installer dans leurs bureaux avant de prendre leur envol dans les années 1980. Cet échec des années 1970 est aussi du à la crise économique qui frappait le pays à l'époque. Cependant, les 10 000 personnes qui ont travaillé sur ce chantier dont 60 morts peuvent être fières du travail accompli. Au final, 50 000 personnes travaillaient dans les tours, ce qui en fait une ville à part entière (les deux tours avaient d'ailleurs obtenu leur propre code postal) et 200 000 visiteurs venaient contempler New York à leur sommet. On ne jurait plus que par elles dès qu'ils s'agissait de filmer New York du ciel et elles ont longtemps fait partie intégrante de nos écrans de télévision. Elles étaient d'ailleurs impressionnantes par leur hauteur: 417 mètres pour l'une, 415 pour l'autre, avec 110 étages. Certes, face à celles de la Chine ou aux Emirats arabes unis aujourd'hui, elles peuvent paraître naines mais c'était une réelle prouesse à l'époque et beaucoup de gratte ciels n'obtiennent pas ces dimensions actuellement.
Pourquoi ont-elles disparu?
Pas besoin de vous rappeler le 9/11 (nine eleven: on dit le mois avant le jour chez les Américains), ce jour fatal dont les Etats-Unis ont eu du mal à se remettre. S'en sont-ils remis d'ailleurs? A en juger des séries comme 24 ou Homeland, la psychose est toujours présente et l'angoisse de revivre un jour un attentat est toujours palpable. L'image d'un avion détourné commandé par l'organisation terroriste Al Qaida a stupéfé des générations qui pendant une semaine voyaient l'épisode diffusé en boucle. Pendant 99 jours, la fumée des débris s'échappait et il fallut 8 mois pour tout nettoyer mais ce n'était pas sans perdre la mémoire. Aujourd'hui, Ground Zero sur les fondations des tours rend hommage aux victimes et un nouveau World Trace center entend le remplacer. Les tours jumelles ont voulu faire montre de la puissance américaine mais elles ont été aussi le témoin de leur fragilité. Est-ce le début de la fin d'un monde où les Etats-Unis étaient hégémoniques?
Des images inoubliables et traumatisantes