Girlfriends’ guide to divorce est une nouvelle série de 13 épisodes diffusée depuis le début décembre sur les ondes de Bravo aux États-Unis. À Los Angeles, l’écrivaine Abby McCarthy (Lisa Edelstein) connaît un succès monstre avec ses romans Girldriend’s Guide to…, mais sa vie sentimentale est loin d’être au beau fixe. Elle et son mari Jake (Paul Adelstein) ne s’entendent plus et décident de divorcer, au grand dam de leurs enfants Charlie (Dylan Schombing) et Lilly (Conner Dwelly). Jusqu’ici, les adultes maîtrisent la situation, mais bientôt les amies et les médias s’en mêlent; de quoi envenimer les choses. Première série scriptée de Bravo, Girlfriends’ guide to divorce nous donne un point de vue original et audacieux sur la séparation du couple, mélangeant bien la comédie et le drame, tout en nous offrant un point de vue inédit sur le rôle du mari et de la femme dans le couple. Et outre quelques mises en situation un peu trop forcées, la chaîne spécialisée dans les téléréalités nous offre une belle surprise avant la fin de 2014.
Travailler fort pour se détester
Voilà plus de dix ans que Jake et Abby sont en couple et après toutes ces années, la passion n’est simplement plus là. Ils dorment et passent du temps ensemble seulement pour ne pas perturber le quotidien de leurs deux jeunes enfants, mais voilà que Jake s’est fait une nouvelle petite amie : Becca Riley (Julianna Guill), une actrice très en vogue dans une série pour adolescents de la CW. Le mari n’a plus envie de jouer la comédie et désire un divorce officiel. Abby le prend très mal et lors d’une présentation pour faire la promotion de son dernier livre dont le sujet principal est comment faire fonctionner sa vie de couple, elle craque et annonce son échec. En un rien de temps, la vidéo de sa déconfiture devient virale et les ventes de ses livres s’effondrent.
Dévastée, Abby cherche le réconfort auprès de ses deux meilleures amies, Phoebe (Beau Garrett), ancienne mannequin, récemment divorcée et désormais à la recherche de relations sans lendemain et Lyla (Janeane Garofalo), une avocate en droit du divertissement, elle aussi en plein divorce et mère de deux enfants. Leurs (mauvais) conseils lui montent à la tête d’Abby et de peur que Jake sorte l’artillerie lourde lorsque viendra le temps d’aborder les modalités de la séparation, elle décide de faire appel aux services de Delia (Necar Zadegan), une avocate vorace qui a géré les pires divorces de Los Angeles.
Ce qui séduit dans Girlfriends’ guide to divorce, c’est toute cette spirale dans laquelle le couple sombre, bien malgré lui. L’entourage de Jake et d’Abby est armé des meilleures volontés, mais n’a qu’en tête les clichés associés aux pires divorces, ce qui a pour effet de rendre les relations plus compliquées qu’elles ne devraient l’être. En fait, la série s’amuse justement à se moquer de ces comportements qui en fait ne sont que des façades, à commencer par l’auteure qui à cause de ses livres a été placée sur un piédestal si haut qu’il équivaut à l’importance de sa chute. Saluons ici le sympathique clin d’œil aux bien réels Girlfriend’s Guides écrits par Vicki Lovine qui manifestement ne craint pas l’autodérision puisqu’elle est une des productrices exécutives de la série. Il y a aussi ce cliché de l’homme marié (en l’occurrence Jake ici) qui s’éprend d’une femme plus jeune et de surcroit, actrice pour une série de la CW. On s’attend donc à voir une diva, une aguicheuse ou une écervelée. Certes, Becca est très belle, mais elle a aussi un grand cœur après trois épisodes, on ne peut qu’éprouver de la sympathie envers elle. Enfin, c’est le ton très corrosif Girlfriends’ guide to divorce qui vient compléter son charme. Sacres, nudité, des protagonistes qui passent la soirée à se défoncer ou à chercher un homme pour la nuit : rien de tout ça n’est vraiment gratuit et tout au service des intrigues teintées d’humour.
Rôles inversés
Là où Girlfriends’ guide to divorce se démarque, c’est dans sa représentation peu commune des genres à l’écran. Comme l’écrit Tim Goodman dans sa critique: « The series is also unique in that it shows two successful women — Abby and Lyla — with men who are not their financial equals; it’s a twist on television’s decades-long overreliance on a dated trope. » En effet, ce sont les maris de ces deux femmes, Jake, ancien caméraman et aspirant réalisateur et Dan (Michael Weaver), chef dont le restaurant a fait faillite, qui ont abandonné leur carrière alors que leurs épouses ont continué à travailler. Ce sont eux qui durant les procédures de divorce doivent se trouver un autre logement et c’est la même chose en ce qui concerne les enfants; bien qu’ils aient été élevés par leurs pères, ce sont les femmes qui héritent de la garde.
La série ne nous les présente pas particulièrement sous un mauvais jour, mais reste qu’on ne peut s’empêcher de les percevoir comme étant des êtres faibles notamment lorsqu’ils demandent de l’argent à leurs épouses. Même perception avec Becca, bien plus jeune et populaire, qui propose à Jake de lui trouver un emploi dans l’industrie de la télévision ou à propos de Dan qui a un penchant pour le sadomasochisme. Pourquoi ne serait-ce pas l’homme qui garderait la maison et les enfants tout en recevant une pension alimentaire tandis que c’est la femme irait vivre ailleurs? Sans remettre en question le modèle familial, Girlfriends’ guide to divorce nous confronte à une problématique qui pourrait à elle seule faire l’objet d’une série (point de vue masculin bien entendu). En même temps, les femmes ne sont pas en reste. Dans une scène, Lyla est convoquée par la directrice de l’école de ses enfants. Cette dernière tente de la faire culpabiliser d’avoir raté une activité où les mères devaient raconter des histoires à leurs enfants. La réplique de la principale intéressée ne se fait pas attendre, elle qui avait d’importants rendez-vous et qui refuse d’endosser ce genre de culpabilité.
Après trois diffusions, Girlfriends’ guide to divorce a réuni en moyenne 850 000 téléspectateurs. Bien qu’on n’ait pas d’autres exemples similaires pour Bravo dont c’est la première série, ces chiffres ne sont pas trop mal pour le câble, mais il est trop tôt pour affirmer si elle sera renouvelée ou non. Seul ombrage au tableau de cette production : les autopromos qui apparaissent incessamment au bas de l’écran. Pas du tout dans le même ton de la fiction, graphique dérangeant; on finit par perdre notre concentration. Par chance, la série vaut le coup…