Ce documentaire dont je vous avais parlé lors d'un billet concours suit la trace des clandestins iranien bloqués à Athènes. Sa sortie chez Epicentre le 21 octobre dernier est l' occasion de revenir sur ce film passionnant qui donne un autre regard sur l'immigration, en montrant des personnes dans leur humanité.
Le cinéaste Kaveh Bakhtiani (lui même iranien ayant émigré en Suisse à l'âge de huit ans et titulaire d'un passeport suisse) a filmé le quotidien de ces six iraniens, à l'aide d'une petite caméra numérique qui pour des raisons de sécurité donne des images extérieures un peu sautillantes.
Ces individus incapables de pénétrer plus avant en Europe, faut de présenter à l'aéroport d'Athènes un passeport leur permettant de circuler librement dans l'Union européenne, en sont réduit à survivre dans un petit appartement que loue Amir, un Iranien installé de longue date en Grèce.
On s'attache progressivement à la personnalité de chacun des migrants, qui essayent tous de rejoindre des pays plus au nord, où se trouve généralement des membres de leur famille. On frémit des dangers qu'ils affrontent (la mort, la prison), même si ces risques ne sont jamais montrés frontalement à l'écran. On se réjouit, soulagés, lorsqu'on apprend qu'un de la bande a réussi à "passer".
La mise en scène de Bakhtiari, en collant au plus près des clandestins, et en refusant de filmer autre chose que leur vie quotidienne, est vraiment touchante, même lors de scènes plus anodines, comme par exemple lorsque le groupe se risque à une sortie à la plage.
Une difficile mais cependant belle oeuvre, qui présente l'immense intérêt de montrer que l'immigration, au-delà des chiffres, est avant une affaire de visages et de destinées. L'escale : un documentaire à la fois brut et très cruelà voir pour toux ceux qui aiment ce cinéma là.