Aprčs la catastrophe de l'Airbus d'Air Asia, quelques réflexions sur les compagnies low costs
Tout d'abord, cassons les pattes ŕ un canard. Non, malgré 3 accidents majeurs touchant des appareils immatriculés en Malaisie, il n'y a
pas de loi des séries dans cette succession de catastrophes aériennes. La loi des séries n'existe pas. Dans le cas contraire cela supposerait que les męmes causes ont produit les męmes effets.
Quel rapport en effet entre le crash de l'A320 d'AirAsia et la destruction en plein vol du 777 de la Malaysia Airlines au-dessus de
l'Ukraine en guerre ? Et puis, on vient de retrouver l'épave de l’avion qui gisait au fond de la mer , contrairement au premier des 777 malais disparu !
Pour revenir au dernier accident, l'Airbus d'AirAsia Ť probablement abîmé en mer ť Les autorités indonésiennes ont vu juste puisque ŕ l'heure oů j'écris cette chronique, les corps des
victimes sont en train d 'ętre évacués de la carlingue. Tout de męme un autre élément interpelle, on sait que le pilote a demandé de monter en altitude pour éviter une masse nuageuse importante.
Selon le directeur du transport aérien au ministčre des transports aériens,les contrôleurs aériens ont refusé ce changement d'altitude en raison du trafic aérien trčs important dans le
secteur. Avaient -ils le droit de le faire ?
Voilŕ qui change sans doute l'enchaînement des faits qui ont conduit ŕ la catastrophe. L'Airbus A320 200 est donc probablement entré de plein fouet dans un cumulonimbus qui peut détruire l'appareil ou l'endommager fortement.
Et lŕ il faut se poser la question des low-costs et se demander si elles sont plus dangereuses que les compagnies réguličres. La
réponse est non. Chez Boeing ou chez Airbus, il n'y a pas 2 entrées pour les clients. Les compagnies réguličres et les low-costs achčtent les męmes avions avec sans doute un peu moins d'options de confort pour les low-costs . A Toulouse comme ŕ Seattle, les patrons des low costs sont plutôt mieux accueillis que ceux des compagnies réguličres car ils commandent massivement des avions.
C'est d'ailleurs le cas d'AirAsia devenu le plus gros client d'Airbus qui a prévu d'incorporer dans sa flotte d'ici 2026, 350 appareils !
Et déjŕ 120 Airbus volent sous les couleurs d'AirAsia.
C'est lŕ qu'intervient la difficulté pour une compagnie : il faut assurer la mise en ligne avec du personnel formé. Certes les équipages d'Air Asia ont suivi les cours de pilotage dispensés ŕ
Toulouse et on peut se demander si tous ces pilotes ont suffisamment d'expérience pour mener ŕ bien leur mission. C'est le vrai challenge d'une compagnie qui se développe ŕ marche forcée.
Il y a aussi le problčme d'un certain esprit cow-boy dans ces compagnies. On se souvient de Ryanair qui laissait ses avions s'envoler avec le minimum de carburant sans tenir compte des réserves de 45' obligatoires en cas de problčme. Des Boeing de Ryanair se sont retrouvés ŕ ce moment-lŕ quasiment short petrol et ont dű
demander des atterrissages d'urgence, ce qui n'est pas bon pour la réputation de la compagnie.
Si vous ętes jeunes, sachez que la Chine aura besoin de 5 000 pilotes dans les 20 ans qui viennent. Et nous ne parlons que de la Chine !
Messieurs les pilotes, sachez que lorsque vous prendrez les commandes d'un appareil, il vous manquera l'expérience qui ne peut ętre acquise qu'en passant des heures et des heures dans un cockpit d'avion. En aviation commerciale, on ne peut pas brűler les étapes.
Il s'agit d'une rčgle intangible que Tony Fernandez, le patron d'AirAsia doit avoir en permanence ŕ l'esprit. A 50 ans, le bouillant
président connaît son premier drame . Il se dit effondré, il a juste tweeté Ť mes seules pensées vont ŕ mes passagers et ŕ mon équipage ť.
Mais l 'homme a du ressort et n'est pas pręt
d'abandonner sa compagnie dont les avions portent fičrement sa rčgle d'or Ť Now everybody can fly ť. Un de ses ręves déjŕ largement réalisé. Tony Fernandez n'a pas craint de déclarer :
Ť aucune compagnie ne peut garantir une sécurité ŕ cent pour cent. Hélas, c'est vrai et rendons-lui grâce de l'avoir dit. Cela s'appelle tout simplement du courage.
Gérard Jouany - AeroMorning