Timbuktu

Publié le 30 décembre 2014 par Lorraine De Chezlo
de Abderrahmane Sissako
Drame - 1h35
Sortie salles France - 10 décembre 2014
avec Ibrahim Ahmed, Toulou Kiki, Abel Jafri,...
Qu'il est beau ce Sahel, qu'il est apaisant ce silence, qu'ils sont lumineux leurs sourires... Les sourires de Kidane, heureux mari de Satima et père de Toya. A l'écart de la ville, ils vivent sous leur tente tandis que le petit berger garde le troupeau de vaches. Mais de l'extérieur progresse ces hommes mal intentionnés qui imposent leurs lois, leurs interdictions, harcèlent jusque dans leurs chambres les jeunes de Timbouctou qui jouent de la guitare et chantent chez eux le soir. Ils choisissent leurs femmes. Ils déambulent armés. Ils dictent leur justice. Pauvre de lui : Kidane dont la vache GPS a été abattue par un pêcheur, de rage a tué ce dernier. 
Timbuktu c'est le combat perpétuel des femmes. C'est la lutte contre des interdits absurdes (pas de musique, pas de chant, pas de foot, pas de mains de femmes sans gant, pas de chevelure au vent) que les djihadistes eux-mêmes ce sauraient argumenter. C'est un cinéaste qui filme le silence et un écrin de sable au milieu du désert. C'est le regard et la voix d'un homme paisible qui échappera à l'harmonie naturelle avec laquelle il faisait corps.

Et puis ce personnage de la folle, la femme haut en couleurs qui vit au-dessus des toits, chante et danse et se pavane avec son coq multicolore, sa traîne de tissu, son maquillage vif et ses braloques. Ce personnage typiquement d'Afrique de l'Ouest, la folle qui est une personne qui tutoie déjà avec l'au-délà en ayant des paroles qui ne peuvent être comprises de nous tous. Le trait d'union entre la vie et la mort, l'avertissement, le dernier espoir ; l'Art comme dernier rampart.

Abderrahmane Sissoko replace avec un certain talent cinématographique, une récente actualité brûlante - l'avancée du front djihadiste au nord du Mali - dans une unité de lieu, dans un contexte humain qui est rarement donné à voir, dans une ambiance de conte merveilleux. Avec beaucoup d'esthétique dans les images, les paysages, les villages, il montre la vie, et avec fracas, dans des scènes à la limite du soutenable, il montre la barbarie, avant de rapidement plonger la scène dans quelquechose d'artistique, de salvateur.Un très beau film
"Loin de la réalité", l'avis de Sabine Cessou - Rues d'Afriques
L'avis de Gangoueus - Chez Gangoueus