Tusk // De Kevin Smith. Avec Justin Long, Michael Parks et Haley Joel Osment.
Kevin Smith est peut-être l’une des personnes les plus incomprises de sa génération. C’est quelqu’un qui est talentueux mais qui ne met pas toujours son talent au service des bonnes choses. J’avais pu apprécier certains de ses films (Jay et Bob contre attaquent, Zach et Miri font un porno ou encore Red State) mais ce n’est pas forcément le cas avec Tusk. Disons que ce film a beau fonctionner sur le côté ultra étrange et flippant de cette idée de créature, l’histoire manque cruellement de quelque chose pour rendre le plus bien plus passionnant. Car je ne suis pas le seul à m’être tout de même ennuyé, surtout durant la seconde partie du film qui semble aller et venir dans tout un tas de sens sans que cela finisse par être réellement intelligent et intéressant. Le problème que j’ai eu avec Tusk finalement c’est que le film repose un peu trop sur ce monstre et pas assez sur quelque chose de réellement bien construit. Les personnages manquent donc de développement et ce ne sont pas les flashbacks intempestifs qui vont donner du fond à l’histoire. Bien au contraire, les flashbacks sont souvent parmi les moments les plus chiants et les plus lourds du film (je pense au face à face entre le méchant et l’inspecteur du Québec… probablement l’un des moments les plus longs et irritants du film).
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Du coup, Tusk souffre d’un scénario qui ne sait pas où il va et surtout qui ne sait pas du tout exploiter son univers d’humour noir. Pourtant Kevin Smith est plutôt bon dans ce registre là, celui de la comédie qui se moque des conventions. Certes cela peut être un peu lourd par moment mais j’aime bien Kevin Smith. Sauf que voilà, même si c’est quelqu’un que l’on apprécie et qui a énormément de potentiel, je n’ai pas vraiment ressenti ça au travers de son film. Surtout que quand on comprend d’où vient l’idée même de cette histoire (le flashback qui nous raconte d’où vient la folie de ce fou), on se demande si au fond il y a réellement quelque chose à attendre au delà. Et il n’y a rien du tout. La scène finale de Tusk, probablement la plus terrible du film, détruit complètement le semblant de folie qu’il y avait dans cette histoire pour nous abattre avec des bons sentiments américains. Mais je n’ai pas envie de pleurer devant un film comme celui-ci. Je n’ai donc réussi qu’à finir consterner. En parallèle de ce qui se passe entre Mr. Tusk et notre cinglé national, c’est la quête pour retrouver Mr. Tusk qui anime quelque peu ce film. Mais c’est encore une fois bien trop pauvre.
Car le film ne va pas dans le bon sens encore une fois. On se retrouve avec des personnages qui errent et qui trouvent les raisons presque comme par enchantement dans les dernières 20 minutes. Haley Joel Osment (A.I. Intelligence Artificielle), autrefois enfant star prouve ici qu’il a complètement disparu des écrans et qu’il a probablement du faire une grosse dépression pour avoir triplé de volume. Mais si ce n’est pas le problème, c’est que son jeu et son personnage sont inintéressant au possible. En face on se retrouve face à Michael Parks (Django Unchained) qui cabotine en long et en larmes avec un personnage aussi creux qu’une coquille vide. Plus le personnage nous en apprend sur lui et plus j’ai l’impression qu’il est tout ce qu’il y a de pire dans le registre. Car le personnage était intéressant au début alors que l’on ne sait pas vraiment ce qu’il veut faire de notre podcasteur et puis rapidement, dès que l’on commence à comprendre dans la seconde partie, le personnage devient aussi ennuyeux que les autres. Dommage, Tusk avait le potentiel d’être un film réellement cinglé, bourré d’humour noir, et c’est un film vide, pompeux manquant cruellement le trou.
Note : 2/10. En bref, si l’idée est originale et tient le bout à certains moments, c’est globalement un gros raté.