La Princesse de Montpensier [Madame de Lafayette]

Publié le 30 décembre 2014 par Charlotte @ulostcontrol_
Bonjour à tous,
On se retrouver aujourd'hui pour la dernière chronique de l'année 2014 ! Ça aura fait assez peu de chroniques pour décembre, mais je vous prépare plein de belles choses pour 2015 ;-) Bref, je reviens aujourd'hui pour vous parler d'un roman de Madame de Lafayette : La Princesse de Montpensier.
J'ai découvert l'existence de ce classique sur le blog Le Salon des Lettres à l'occasion d'une très belle chronique de La Princesse de Clèves ! Cette chronique m'avait donné envie de replonger dans cet univers, alors lorsque je suis tombée sur La Princesse de Montpensier récemment, je n'ai pas hésité longtemps !

Madame de la Fayette devance Racine quand elle montre les ravages de la passion aveugle, celle qui entraîne vers la ruine et la mort. Au temps des Valois et des guerres de religion, Madame de Montpensier aime ainsi le jeune duc de Guise, bafouant un mari de circonstance ivre de jalousie. Elle ignore les sentiments qu'elle inspire au duc d'Anjou, le futur roi de France. Avec un férocité inconsciente, elle torture la pauvre comte de Chabannes chargé de l'éduquer, follement amoureux d'elle aussi. Du dépit, de la rage, de la haine, des assassinats, voilà le portrait de l'amour que Madame de La Fayette peint avec du sang.

Mademoiselle de Mézière est encore jeune lorsqu'elle est promise au Duc de Guise, pour qui elle ressent une attirance immédiate et réciproque. Mais le jeune Duc de Guise n'ose se déclarer et se fait ravir sa belle par le Prince de Montpensier : Mademoiselle de Mézière devient ainsi la Princesse de Montpensier. La lune de miel des deux époux est brève : la seconde guerre de religions éclate et oblige le Prince de Montpensier à aller se battre.
Lorsqu'il retrouve sa femme deux ans plus tard, le Prince de Montpensier ne peut que constater le charme incontestable de sa femme : « Il fut surpris de voir la beauté de cette princesse dans une si grande perfection ; et par le sentiment d’une jalousie qui lui était naturelle, il en eut quelque chagrin, prévoyant bien qu’il ne serait pas seul à la trouver belle. » p.23. Et effectivement, le Prince a vu juste puisque la beauté de la Princesse de Montpensier ne cesse de faire des ravages.

A commencer par le Comte de Chabanes. Celui-ci, malgré l'amitié qui le lie au Prince de Montpensier, ne peut s'empêcher de tomber amoureux de la Princesse de Montpensier, avec qui il séjourne à Champigny pendant la guerre. « Il devint passionnément amoureux de cette princesse ; et quelque honte qu’il trouvait à se laisser surmonter, il fallut céder, et l’aimer de la plus violente et de la plus sincère passion qui fut jamais. »p.22
Mais la Princesse ne prend même « pas la peine de se mettre en colère contre lui ». Contre toute attente et au plus grand désespoir du Comte de Chabanes, elle répond à sa déclaration en invoquant la raison. Pire encore, elle lui dit « qu'elle ne le regarderait jamais que comme son meilleur ami. » Mais le véritable coup de grâce est qu'elle fait du Comte de Chabanes son confident, lui confiant ainsi les sentiments qu'elle a eu pour le Duc de Guise.

Le Duc de Guise : en voilà un autre qui n'a pu faire autrement que de tomber amoureux de la Princesse, lui aussi. S'il continue d'aimer la Princesse malgré son mariage avec le Prince de Montpensier, il se fait toutefois à cette idée jusqu'au jour où il la revoit par hasard, alors qu'il est à cheval avec le Duc d'Anjou. Cette rencontre fortuite réveille alors non seulement les sentiments que la Princesse de Montpensier et le Duc de Guise éprouvaient auparavant l'un pour l'autre, mais provoque aussi ceux du Duc d'Anjou (futur Roi de France). La beauté de la Princesse sur la barque est surréaliste et séduit immédiatement tous ceux qui l'aperçoivent :« Elle leur parut une chose de roman ».

Au milieu de ces quatre hommes (le Prince de Montpensier, le comte de Chabanes, le Duc de Guise et le Duc d'Anjou), la Princesse verra sa vertu mise à l'épreuve des sentiments amoureux.


Ce texte est le premier écrit de Madame de Lafayette. On y remarque beaucoup de similitudes avec La Princesse de Clèves : les thèmes de l'amour et de la vertu se retrouvent dans les deux romans et les deux héroïnes sont soumises aux mêmes exigences familiales.

Mais la nouvelle que je vous présente aujourd'hui est quand même beaucoup moins aboutie que La Princesse de Clèves. Cela tient d'ailleurs surtout selon moi à sa brièveté puisque La Princesse de Montpensier ne se compose que de 35 pages ! Par conséquent l'action, la psychologie des personnages et la narration sont extrêmement concis et n'y sont pas très développés. En effet, les événements s'enchaînent très rapidement et ne laissent aucun répis au lecteur ; cette rapidité empêche ainsi le narrateur de prendre conscience des sentiments et les émotions de l'héroïne, des problèmes qui s'imposent à elle, de ses déceptions, de ses choix et de son état d'esprit. Je ne me suis donc pas vraiment attachée à ces personnages puisque j'ai eu l'impression de seulement les croiser sans les connaître ni pouvoir m'identifier à eux.

Lecture de ce roman seul peut donc être décevante ; au contraire, je pense qu'il a beaucoup plus d'intérêt mis en relation avec La Princesse de Clèves. En effet, on y retrouve le style de Madame de Lafayette : des paragraphes assez conséquents, une narration dense, une intrigue sur fond historique, les questions de l'amour, du bonheur et de la vertu.

« Chabanes de son côté regardait avec admiration tant de beauté, d’esprit, et de vertu qui paraissaient en cette jeune princesse » p.21
On trouve également beaucoup de références intertextuelles (entre plusieurs textes, ici La Princesse de Montpensier et La Princesse de Clèves), que ce soit au niveau des scènes (celle du bal par exemple) ou du vocabulaire (le Duc d'Anjou est "bien fait", comme le Duc de Nemours).

Les fins de ces deux histoires sont également assez similaires. Je trouve notamment que les deux dernières phrases de ces romans transmettent la même émotion (elles sont entre les balises spoiler) :


« Elle mourut en peu de jours, dans la fleur de son âge, une des plus belles princesses du monde, et qui aurait été sans doute la plus heureuse, si la vertu et la prudence eussent conduit toutes ses actions. »  La Princesse de Montpensier 
« Elle passait une partie de l'année dans cette maison religieuse et l'autre chez elle, mais dans une retraite et dans des occupations plus saintes que celles des couvents les plus austères, et sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables. » La Princesse de Clèves

En fin de compte, j'ai pris du plaisir à lire ce texte mais cela venait surtout du fait que je connaissais déjà La Princesse de Clèves. Sans cela, je n'aurais peut-être pas vraiment accroché à cette histoire bien romancée mais trop brève et pas assez psychologique.
C'est un texte que je vous recommande surtout si vous avez lu La Princesse de Clèves (ou peut-être une autre oeuvre de Madame de Lafayette) car seule, cette petite nouvelle est assez frustrante et ne fait pas assez voyager le lecteur.
Toutefois, cette oeuvre peut être assez intéressante pour des lycéens qui ne sont pas enchantés à l'idée de lire des classiques mais qui doivent quand même intégrer des oeuvres à leurs lectures cursives : ce livre vous permettra d'avoir un bel aperçu du style de Madame de Lafayette et d'aborder La Princesse de Clèves différement, peut-être (et en plus, il ne vous fera pas perdre trop de temps puisqu'il est très court !)
Avez-vous déjà lu une ou plusieurs oeuvre(s) de Madame de Lafayette ? Si oui, qu'en avez-vous pensé ?

*Ce livre fait partie du challenge "Lire des classiques"