Nexus de Ramez Naam

Par Emidreamsup @Emidreamsup

L’an 2040. Nexus est une nouvelle nano-molécule capable de relier les cerveaux entre eux. Alors que certains veulent l’exploiter, d’autres cherchent à l’anéantir. Kade, un jeune étudiant biologiste, voit dans cette drogue de nouvelles possibilités de communication et un immense progrès pour la société. À l’aide d’une poignée d’amis, il parvient à l’améliorer afin qu’il ne soit plus nécessaire de la consommer régulièrement pour en ressentir les effets. Mais les agences gouvernementales sont à leurs trousses… Sam, une espionne travaillant pour le compte de l’ERD (Emerging Risks Directory), les contraint à coopérer : Kade doit servir d’appât en intégrant l’équipe de Su-Yong Shu, une célèbre et géniale scientifique chinoise soupçonnée par l’ERD de travailler sur une technique lui permettant d’asservir les gens contre leur volonté. Dans un monde où se mêlent scientifiques chinois, moines bouddhistes et agents de la CIA, le jeune homme ne tardera pas à s’apercevoir que les enjeux sont bien plus importants qu’un simple trafic de stupéfiants…

Ingénieur en informatique, Ramez Naam, met ses connaissances et sa passion au service de son écriture. Dans Nexus, il se focalise sur le cerveau « connecté », poussant toujours plus loin les évolutions technologiques, on découvre ici une époque où une drogue prise par plusieurs personnes permettraient à ces-derniers de entrer en connexion « télépathique ».

Un groupe d’étudiants est ici en charge de tester la dernière nanomolécule avant sa mise en place sur le marché. Cette dernière promet à l’humanité de faire encore un bon en avant, tandis que les autorités font la chasse à ce qu’il considère comme une drogue des plus dangereuses. L’auteur mêle alors à ce thriller de science-fiction une réflexion éthique sur la science mais aussi sur la société dans son ensemble.

Les lois qui limitent les capacités de l’être humain n’ont pas d’autre but que de la contrôler. Elles sont nées de la peur, la peur de l’avenir, la peur du changement, la peur de ceux qui sont différents de nous, qui risquent de devenir quelque chose de nouveau. Le résultat de ces peurs, c’est l’érosion de nos libertés, de notre droit à décider de notre avenir, à écrire notre propre destinée, à faire ce qu’il y a de mieux pour nos enfants.

On est rapidement captivé par ce récit et son héros, Kade, dont on suit les expérimentations et réflexions avec un réel entrain. On en vient même à se demander ce que nous ferions à sa place. Serions-nous pour ou contre l’utilisation de Nexus ? Et puis, il y a Sam, l’espionne mystérieuse. Ce dédoublement du récit donne au tout un rythme haletant. Au fil de la relation qui s’établit entre les deux personnages et leur évolution respective, de multiples questionnements sont soulevés et apportent divers pistes de débat.

Bon rassurez-vous, le roman n’est pas pour autant une grosse prise de tête ou une leçon de morale. On reste dans le divertissement intelligent et bourré de rebondissements. Du coup, rien d’étonnant à constater que son adaptation cinématographique est déjà prévue. Et je reconnais avoir hâte de la découvrir.

Affirmer qu’un être vivant et conscient, de quelque nature qu’il soit, ne mérite aucun droit, c’est ignorer les leçons de deux cent soixante ans de démocratie.

Seul petit ombre au tableau, l’auteur a tendance à affirmer un peu trop ses prises de position en allant jusqu’à caricaturer et grossir le trait du poids de l’Etat face aux pauvres scientifiques. Reste à espérer que ceci sera moins pesant dans les deux prochains tomes.

MERCI AUX EDITIONS PRESSES DE LA CITE ET A BABELIO POUR L’ENVOI.