Magazine Politique
Le moindre que l’on puisse dire de l’économie américaine en 2014 est qu’elle a été dynamique. Au point que plusieurs économistes de ce pays prévoient qu’elle connaîtra une expansion encore plus grande en 2015 pouvant résulter dans un boom économique. Leurs arguments sont probants.
La croissance annualisée de 5% pour les trois mois se terminant à la fin de septembre dernier, suite à celle de 4,6% au début du semestre, laisse croire à certains analystes que le boom de la fin des années ’90 pourrait revivre.
Ce qui génère cette fois l’espoir grandissant des investisseurs est la volonté de dépenser des consommateurs, le bas niveau de leurs dettes personnelles suite à la crise financière, la baisse fulgurante des prix du pétrole, la hausse vertigineuse des marchés et un gouvernement qui favorise davantage la croissance.
Les USA sont différents des autres, économiquement, et le contraste est frappant. Les pays d’Europe dont la Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la France… vivent sur le seuil de la récession. Certains en sortent, d’autres y entrent.
Les entreprises américaines vont bien et cela se reflète par les bons chiffres des marchés qui savent les reconnaître dont le Dow Jones qui atteint des niveaux-records (18 000) et le Standard and Poor’s qui se situe aussi à des marques records.
D’autres statistiques sont aussi révélatrices dont le niveau de chômage à 5,8% et la tendance dans la croissance de l’emploi devenue la plus forte depuis 25 ans.
Les salaires commencent à remonter après de longues années de stagnation, les dettes des ménages ont diminué depuis la crise financière et la baisse du coût de pétrole équivaut à une diminution de taxes qui fait économiser des milliers de $ aux entreprises et des centaines aux automobilistes. Et les pronostics sont que cette situation puisse continuer jusqu’au milieu de l’été prochain.
Le côté incertain est l’immobilisme du marché des habitations et des salaires qui tardent à confirmer la solidité de leur croissance. Il y a aussi les compagnies qui sont relativement riches mais qui hésitent à investir dans certains domaines, comme en équipement et en machinerie, même si les taux d’intérêts sont bas.
Nonobstant cela, les signaux macroéconomiques sont encourageants. Durant quatre des cinq derniers trimestres, la croissance a dépassé 3,5 %. Et pour le trimestre qui n’a pas produit, on attribue le résultat aux mauvaises conditions climatiques qui ont affligé le pays. Les économistes séniors américains interprètent cette situation comme étant la démonstration que le pays a résolu les problèmes négatifs qui ralentissaient la reprise. Ils croient que le nouveau momentum permettra aux USA de résister au ralentissement économique du Japon et au peu de croissance des pays européens. Les prévisions actuelles pour la croissance de 2014 sont de 2,3 % et de 3,3% en 2015.
Les périodes d’austérité instituées par les États et les villes américaines contribuent maintenant à la croissance. Le gouvernement fédéral de Washington a aussi augmenté ses dépenses de 9,9% au troisième quart, ce qui est un apport positif pour l’avenir. Cette situation affectera l’Europe qui verra son économie croître suite aux nouvelles commandes de machinerie et de matériel venant des USA.
Au Canada, la croissance pour 2015 est prévue à 2,5% selon la Chambre de Commerce du Canada, une augmentation de 0.2% par rapport à l’année précédente, nonobstant le fait qu’elle ait été affectée par la baisse de la croissance mondiale qui a fait fléchir les exportations de notre production manufacturière.
Grâce au nouvel accord de libre-échange Canada-Europe, les croissances américaine et européenne auront un effet important sur les exportations du Canada en donnant à celui-ci une vigueur économique additionnelle qui s’ajoutera à celles des gouvernements des provinces et des ménages. L’augmentation de la demande sera graduelle, progressive et influencée aussi par la baisse du huard. Nos entreprises investiront davantage dans le développement de leurs entreprises et voudront être plus efficaces. L’occasion étant là, elles voudront aussi accroître leur compétitivité et trouver de nouveaux marchés en renforçant leur participation aux chaînes d’approvisionnement mondiales pour en tirer parti, comme en Chine, au Brésil, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Mexique… et cela avec l’aide des gouvernements.
Malgré qu’il soit prévu que le consommateur demeurera un acheteur prudent (son taux d’épargne demeurera élevé) et modérément actif, le taux de chômage diminuera de 6,7% à 6,5% pour 2015. Et s’il décide de dépenser, étant donné ce qu’il ressentira des USA, tout devient possible.
La construction demeurera très forte au Canada et des régions comme celle de Montréal verront des projets évalués globalement à des dizaines de milliards de $ d’investissements privés et publics pour la construction de plusieurs tours à logements et à bureaux, de 30 à 40 étages, dans le centre-ville et sur le territoire de la métropole, du nouveau pont Champlain, du nouvel échangeur Turcot, etc.. Sans compter le nouveau programme d’investissements dans les infrastructures que mettra en marche le gouvernement du Québec et qui viendra s’ajouter à celui annoncé en 2014 par le gouvernement conservateur d’Ottawa. Il y aura aussi les centaines de millions de $ en remboursements d’impôts fédéraux qui seront versés par chèques aux familles et aux individus durant 2015.
Les 50 000 nouveaux immigrants au Québec, en 2015, viendront ajouter à la demande d’habitations, de voitures, de meubles, de vêtements, de nourriture, de matériaux de construction, etc..
Par contre, les coupures budgétaires pour les dépenses gouvernementales du Canada et du Québec feront en sorte qu’elles contribueront peu à la croissance. Mais ce que les gouvernemens font augure bien pour le futur comme on peut le constater à Ottawa qui annonce maintenant non seulement un budget équilibré mais aussi des coupures d’impôts. Il nous faut être patients de ce côté-là, comprendre le pourquoi des actions draconiennes qui sont prises et savoir que demain sera un meilleur jour.
L’inflation est bien contrôlée et il est prévu qu’elle évoluera à « l’intérieur de la fourchette de maîtrise de l’inflation de 1 à 3 % ». Le taux de financement des banques sera aussi maintenu bas puisque la Banque du Canada a indiqué qu’elle n’est pas pressée de le hausser.
On prévoit aussi que le dollar se maintiendra à la baisse d’ici la fin de 2015, ce qui aidera les exportations.
Je sais que depuis quelques jours, plusieurs économistes nous conseillent d’être prudents en rapport avec les prévisions du développement économique 2015 au Québec. Certains sont mêmes négatifs. Certes, il y a des risques que les perspectives changent. Et comme je ne suis pas un économiste, je ne peux affirmer qu’ils ont tort. Mais je suis porté à ne pas être en accord avec leur position pour les raisons que je viens de décrire. On verra bien à la fin de 2015.
Pour moi, tout est là pour réussir. Il nous reste à faire ce qui doit être fait. Investir, innover et travailler… davantage.
Claude Dupras